Il ne faut pas jouer avec la nourriture, mais vous devriez néanmoins tenter l'expérience: si vous tentez de casser un spaghetti cru en le tordant, il se brisera immanquablement en au moins trois morceaux. Un phénomène qui intéresse la physique depuis de nombreuses années: en 2005, rappelle le NewScientist, une équipe française a publié un article visant à en expliquer les raisons.
Pour résumer, au moment où le spaghetti rompt pour la première fois, les deux morceaux formés se tordent dans l'autre sens pour finir par se briser à leur tour, d'où un spaghetti coupé en au moins trois parties, voire quatre dans un grand nombre de cas.
Les sciences n'allaient évidemment pas en rester là: une fois établie la cause de la brisure multiple, il fallait tenter de trouver un procédé visant à la contourner. Et c'est finalement une équipe de recherche en mathématiques du MIT qui a mis le doigt sur une solution efficace.
Le MIT, c'est l'Institut de Technologie du Massachusetts, l'une des universités les plus reconnues du monde. Cela n'empêche pas ses chercheurs et ses chercheuses de passer parfois du temps sur des sujets de recherche dont la finalité semble relativement incertaine. Jörn Dunkel, qui a dirigé l'étude sur les spaghetti, le reconnaît lui-même: «nous travaillons sur beaucoup de sujets, mais il faut que 10% d'entre eux soient amusants». Mais sous cette prétendue futilité se cachent de possibles applications concrètes, que ce soit sur les tiges d'acier utilisées dans le bâtiment ou sur certaines fractures.
Une histoire de torsion
Pour parvenir à ses fins, l'équipe de Jörn Dunkel propose le protocole suivant: placer une pince à chaque extrémité du spaghetti, puis lui faire exercer une rotation de près de 360 degrés sur lui-même (dans un mouvement qui rappelle celui de l'essorage d'un tissu), avant d'imprimer le mouvement inverse. Le spaghetti finit alors par se briser, mais une seule et unique fois. L'effet principal de la torsion choisie est de réduire et déplacer les forces qui, auparavant, s'exerçaient sur les deux moitiés du spaghetti après la première rupture.
Sur son site, le MIT propose deux gifs extrêmement parlants: le premier montre ce qui se produit lorsqu'on brise un spaghetti sans cette technique spéciale, et le second ce qui se passe lorsqu'on imprime le mouvement proposé par l'équipe Dunkel. Reste à savoir s'il est possible d'utiliser cette méthode dans sa cuisine ou s'il est obligatoire d'avoir recours à des ustensiles impossibles à trouver hors des laboratoires de recherche.
Enfin, parce qu'il n'est vraiment pas tolérable de gâcher de bonnes pâtes, nous vous rappelons qu'il est possible de préparer une délicieuse carbonara, même avec des spaghettis cassés. Un pot de crème fraîche, de bons lardons, et bonne régalade.