Monde / Économie

Les baby boomers américains ont besoin des immigrés pour leur retraite

Temps de lecture : 3 min

La politique d’immigration restrictive de Donald Trump touche majoritairement les Américaines et Américains les plus âgés.

Donald Trump et des vétérans dans le bureau Ovale, novembre 2017 | The White House via Flickr CC License by
Donald Trump et des vétérans dans le bureau Ovale, novembre 2017 | The White House via Flickr CC License by

La sécurité sociale américaine est à l'arrêt. Le programme d’assurance maladie consacré à la retraite est en danger: le gouvernement américain va commencer à puiser dans l’épargne de son système de sécurité sociale pour payer les allocations retraites de l’ensemble de sa population retraitée.

En 2018, le gouvernement devrait recevoir environ deux milliards de dollars de moins en impôts sur les salaires et en revenu de placement que l'année précédante. Cette somme sert notamment à payer les allocations dans le cadre du programme «Old-Age, Survivors and Disability». À ce rythme là, les caisses seront à sec en 2034, juste après que les derniers baby boomers aient pris leur retraite.

Ces résultats proviennent d’une étude publiée dans un rapport annuel de l’administrateur de la sécurité sociale américaine. Cette publication a immédiatement fait place à un torrent de titres inquiétants tels que «Tenez vous prêt pour la Grande Dépression» ou «La sécurité sociale et l’assurance santé meurent à petit feu, mais personne à Washington ne lève le petit doigt».

Le nombre de personnes retraitées augmente, leur espérance de vie avec, une situation inquiétante pour les économistes de l’administration de la sécurité sociale. D’un autre côté, bien que bénéficiant d’un taux de croissance annuel du produit intérieur brut de 2,3%, pour l’année 2017, aucun boom économique ne semble se présager, au contraire l’objectif est d’abord de restaurer la solidité de l’économie nationale.

L’immigration peut apparaître comme une solution

La population immigrée, légale ou illégale, est une source non négligeable de rentrée d’argent pour le gouvernement américain –environ 23,6 milliards de dollars [soit 20,2 milliards d'euros] simplement pour l’impôt sur le revenu. Selon le rapport de l’administrateur, plus il y aura d’immigration plus la sécurité sociale sera viable. Les immigrés et immigrées sont en moyenne plus jeunes que la population américaine. Ils et elles sont donc susceptibles de prendre leur retraite plus tard. Le problème peut-il se résoudre ainsi ou se trouve-t-il simplement déplacé dans le temps?

Ce premier tableau démontre comment la trésorerie de la sécurité sociale américaine risque d’évoluer à l’avenir si la tendance se poursuit sans changement.

Les réserves du fond de la sécurité sociale américaine | Javier Zarracina/Vox

Pour la première fois depuis trente ans, la sécurité sociale américaine est en déficit, d'où une baisse de sa trésorerie. En 1960, environ 5,1 travailleurs ou travailleuses cotisaient pour une personne retraitée contre 2,9 en 2013. La sécurité sociale coûte plus cher qu'auparavant car les individus vivent de plus en plus longtemps, ce qui allonge la période de retraite, nécessitant donc plus de fonds. L’effort financier du gouvernement et de la population active est donc d’autant plus fort.

Un déficit modulable grâce à la politique migratoire

L’immigration a atteint un pic à deux millions de personnes supplémentaires en 2005 par rapport à l’année précédente, avant de redescendre à son plus bas niveau en 2008, lors de la Grande Récession. Ce chiffre s’est stabilisé à un million supplémentaire par an en 2014.

Bien que l’économie américaine se solidifie alors que l’immigration augmente, le gouvernement de Trump a mis en place depuis peu une politique migratoire très restrictive. Cette dernière met en danger la sécurité sociale selon le rapport annuel de l’administrateur de la sécurité sociale.

Si Trump stabilise à long terme les niveaux d’immigration à ceux actuellement en vigueur, en hausse de 1,6 million en 2017 par rapport à 2016, la situation financière de la sécurité sociale sera solvable. Le rapport de l’administration de la sécurité sociale inclut l'immigration légale, illégale et les travailleuses et travailleurs étrangers possédant un visa temporaire.

Comme le montre le graphique ci-dessous, la croissance de l’immigration fait décroître le déficit. C’est une solution, ce n’est sûrement pas la seule.

Les projections du déficit de la sécurité sociale américaine en fonction des seuils d'immigration | Javier Zarracina/Vox

Le Congrès a aussi son rôle à jouer

L’immigration seule n’est pas capable de résoudre le problème de déficit de la sécurité sociale. Elle permet de réduire le déficit, pas de l’éliminer. Un des problèmes les plus importants est que la part des prélèvements sociaux sur le salaire est plus élevée pour les classes défavorisées et moyennes que pour les classes aisées. Les premières cotisent à hauteur d’environ 6,2% alors que les secondes moins. Le système de sécurité sociale ne pèse donc pas de la même manière sur deux personnes ayant un revenu différent.

En juillet 2017, un groupe de Démocrates mené par les Républicains Ted Deutch et Mazie Hirono ont présenté un projet de loi ayant pour but d’introduire de la proportionnalité dans le prélèvement fait par la sécurité sociale sur les salaires. Ce projet s’appelle le «Protecting and Preserving Social Security Act». Selon ses laudateurs, ce projet permettrait de rééquilibrer la balance et de mettre à mal le déficit. Néanmoins, aujourd'hui ce projet n'a toujours pas été présenté aux chambres américaines.

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