Vous rêviez d'un rideau de douche orné de petits canards multicolores, sans jamais oser le dire à personne. Dimanche matin, après une soirée (trop) arrosée, un message dans votre boîte mail vous confirme que la commande dudit rideau a bien été validée et que le produit vous sera livré lundi. Car si l'abus d'alcool est dangereux pour votre santé, il peut aussi l'être pour celle de votre porte-monnaie, comme le montrent ces données américaines.
447,57 dollars par an
En mars, le site Finder.com a interrogé 2.000 personnes et la moitié avouait avoir déjà acheté un article en ligne sous l'influence de l'alcool. Pas si étonnant: le téléphone est à portée de main, en un clic, sans même rentrer ses données de carte bleue –préenregistrées– l'achat est fait.
En 2017, l'Américain ou Américaine moyenne a dépensé 447,57 dollars (381,47 euros) par an en étant soûle (hors alcool) –le double par rapport à 2016. Le tout cumulé revient à 30 milliards de dollars par an (25,5 milliards d'euros). Si 60% des personnes ivres achètent de la nourriture, 25% achètent des vêtements et un autre quart parient, ce qui suppose plus d'achats en ligne. Une habitude encore plus forte chez les millennials, dont trois sur cinq déclarent faire du shopping en ayant bu contre un sur trois chez les baby boomers. Les hommes seraient en moyenne de plus gros dépensiers, 564 dollars (481 euros) par an contre 282 (240 euros) pour les femmes.
Un sondage du centre de désintoxication Archstone Recovery Center établit même des catégories selon le type d'alcool ingurgité. Les amateurs et amatrices de gin feraient le plus de folies, dépensant en moyenne 82 dollars (70 euros). Les buveurs et buveuses de whisky et de bière seraient un peu plus raisonnables, 40 dollars (34 euros) dépensés en moyenne. Pour ce qui est du vin rouge et blanc c'est relativement proche, 42 (35 euros) et 46 dollars (39 euros).
En 2016, le site internet Racked.com avait analysé les données des achats effectués sur son magasin de vêtements en ligne Lyst. Ils étaient en augmentation de 48% après 2 heures du matin le samedi par rapport au lundi matin à la même heure.
Après minuit, la clientèle consomme 30% plus et après 1 heure du matin, 40%. Elle se permet aussi de s'offrir plus d'articles de luxe ou fantaisistes. Le vendredi soir (ou samedi matin), la moyenne de dépense en lingerie est de 308 dollars (263 euros), soit 2,4 fois plus que le lundi matin. Les achats de chaussures –surtout les talons, plateformes et sandales– sont 2,6 fois plus importants que le lundi.
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Un gain réel pour les sites?
Désinhibés, les gens dépensent sans compter, oubliant la réalité de leur compte en banque. Les sites de vente le savent bien, ce qui explique pourquoi beaucoup de promotions exceptionnelles se déclenchent après 21 heures. Mais selon Brendan Witcher, un analyste en stratégie d'entreprise numérique, ce n'est pas le plus efficace: «Après avoir dessoulés, les clients vont sûrement finir par rendre les produits, ce qui coûte au site en frais opérationnels. Et si les produits sont abimés pendant le renvoi, ils peuvent devenir invendables», explique l'analyste.
«Le but de la plupart des sites est de proposer le bon produit au bon moment au bon consommateur», argumente-t-il. Or l'achat compulsif représente tout le contraire de cette logique. Pour Brendan Witcher, ces méthodes peuvent même nuire à la perception du magasin par la clientèle, qui rejettera la faute sur l'enseigne plus que sur la boisson.
Bon à savoir, quelques applications permettent de vous aider à réguler vos dépenses alcoolisées. Drnkpay, créée spécialement dans ce but mais non disponible en France, ou Foccus Me, Freedom, Stay Focused.