Le procès Clearstream s'est achevé aujourd'hui. Dominique de Villepin vient d'être relaxé de tous les chefs d'accusation. A n'en pas douter, le bal des petites phrases débuté avant même le procès va repartir pour un tour. Retour sur les amabilités échangées durant le premier acte.
Hors de la salle d'audience, les protagonistes s'en sont donné à coeur joie, à commencer par le chef de l'Etat, qui est censé avoir prononcé cette phrase: «Je retrouverai le salopard qui a monté cette affaire et il finira pendu à un croc de boucher.»
Réponse de Dominique de Villepin, à l'ouverture du procès. «Je suis ici par l'acharnement d'un homme, Nicolas Sarkozy. J'en sortirai libre et blanchi au nom du peuple français.» Un énorme lapsus du chef de l'Etat, depuis New York, avait suivi: «Deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel. Que la justice fasse son travail sereinement.»
Ce lapsus déclenche l'ire du camp Villepin, et Nicolas Sarkozy, ayant violé par les mots la présomption d'innocence, s'entend répondre par Me Olivier Metzner: «Monsieur Sarkozy désigne Monsieur de Villepin comme coupable: c'est purement scandaleux pour quelqu'un qui est garant de l'indépendance des magistrats.»
Mais le président et l'ancien Premier ministre ne sont pas seuls à avoir fait valser les petites phrases.
Imad Lahoud déclarait ainsi: «Monsieur le président, on fait des choses intelligentes quand on a le choix, je n'avais pas le choix, j'ai fait que des conneries. Aujourd'hui je dis la vérité parce que je suis libre.»
Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy: le Président, multipliant les actions en justice, «a peut-être été un peu au-delà de ses prédécesseurs, mais il l'a fait sans cagoule».
A l'occasion, les protagonistes se faisaient même poètes:
«Je ne suis pas un serpent avec un joueur de flûte», se défend le Général Rondot le 7 octobre, qui, deux jours plus tôt, le 5 octobre, ne fréquentait pas non plus les aquariums: «Tout de même, je n'ai pas un QI de pétoncle.»
De son côté, Denis Robert est «un peu le raton-laveur d’un inventeur à la Prévert» selon l’écrivain Gilles Perrault à l’audience du 12 octobre. Un raton-laveur doté d’un drôle de parasite. «Certains ont des morpions, moi j'ai Malka (l’avocat de Clearstream)», déclarait le journaliste le 22 septembre.
[Ecouter le reportage complet sur France Inter (journal de 7h, 6')]
Image de une: Dominique de Villepin durant le procès Clearstream. REUTERS/Gonzalo Fuentes.
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