Comme des millions d’individus à travers le monde, Abraham Leno a été captivé par l’histoire de ces douze enfants et de leur entraîneur de football. «Je me suis assis à côté de la radio, près de ma famille, on voulait tous avoir des nouvelles de ces enfants», explique-t-il. Puis ajoute: «Ces gouvernements qui envoient leurs meilleures équipes de plongeurs, donnent du matériel, offrent un soutien moral–c’est quelque chose de beau à voir».
Mais Leno a un point de vue nuancé sur ce sujet, lui qui a passé dix ans dans un camp de réfugiés alors qu’il était enfant. Aujourd’hui il travaille au Comité Américain pour les Réfugiés, il aurait aimé que les médias autant d’attention à sa cause et à ses amis réfugiés: «Cela aurait mis un coup de projecteur sur notre combat et aurait permis au gens de mieux le comprendre pour nous aider».
D’autres sont plus critiques, affirmant même que le soutien médiatique aux enfants thaïlandais fut trop important, Manyang Reath Kher, engagé dans l'ONG Humanity Heloing Sudan, estime que «l’attention dont [les enfants thaïlandais] font l’objet devrait être mieux partagée».
Vecteurs d'émotion et paralysie psychique
Si les médias se sont autant concentrés sur le drame thaïlandais, c'est pour l'émotion qu'il provoque: «C’est avant tout une histoire humaine, affirme Brian Klaas, professeur à la London School of Economics. Tout le monde les soutient».
Nous sommes aussi victimes de «physic numbing», cette paralysie psychique due à l’incapacité de l’être humain à intégrer un trop grand nombre de personnes dans sa réflexion. Il est très difficile pour nous de se représenter des millions des personnes. Ainsi, plus le nombre de victimes augmente, plus notre capacité à aider et avoir de l’empathie diminue.
Voilà pourquoi, inconsciemment, l’homme est plus sensible au sort de ces douze thaïlandais plutôt que celui des millions de migrants qui affluent sur les côtes européennes. L’intervention de célébrités, comme le footballeur brésilien Ronaldo ou Elon Musk et son sous-marin, relevant elles aussi de l'effet du «physic numbing».