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La Cour suprême américaine autorise de fausses cliniques anti-IVG à mentir aux femmes

Temps de lecture : 2 min

En Californie, les «centres de crise de grossesse», gérés par des anti-IVG, ne seront plus obligés d'informer leur patientes qu'elles peuvent avorter dans des cliniques publiques.

Des militants pro-avortement devant la Cour suprême des États-Unis à Washington le 27 juin 2018. | Zach Gibson / AFP
Des militants pro-avortement devant la Cour suprême des États-Unis à Washington le 27 juin 2018. | Zach Gibson / AFP

Aux États-Unis, des centaines de «centres de crise de grossesse» (crisis pregnancy centers) se présentent comme des cliniques d'avortement, mais n'ont souvent aucun personnel médical agréé. Les employés et employées de ces établissements (dont certains et certaines portent des blouses blanches) ont pour seule mission de convaincre les patientes de ne pas avorter, parfois en mentant sur les risques médicaux de l'IVG.

De nombreuses femmes s'y rendent en croyant être dans des cliniques, mais peuvent se retrouver face à des «conseillers» qui leur disent que les avortements sont extrêmement dangereux.

Ces centres sont financés par des organisations pro-life et ont fait l'objet de nombreux procès visant à les forcer à être plus clairs sur la nature de leur mission. Ainsi, dans l'État de New York, ces centres doivent préciser aux patientes qu'ils ne sont pas des établissements médicaux agréés.

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En 2015, la Californie avait passé une loi similaire qui obligeait aussi ces centres à informer leurs patientes qu'elles pouvaient se faire avorter à bas prix dans des cliniques publiques. Les représentants du centre avaient alors lancé une procédure judiciaire, car selon eux, «forcer un groupe pro-vie à faire de la publicité pour l'avortement [était] forcément anticonstitutionnel».

Une Cour d'appel de San Francisco avait rejeté leur plainte, mais à cinq juges contre quatre, la Cour suprême des États-Unis vient de leur donner raison, au nom du premier amendement défendant la liberté d'expression.

Le juge conservateur Clarence Thomas a écrit que cette obligation d'évoquer des services d'avortement allait complètement à l'encontre du message que voulaient diffuser ces centres, et qu'il s'agissait donc d'une violation du droit à la liberté d'expression. Allant dans le même sens, le juge Anthony Kennedy a dit qu'en voulant imposer ce genre d'informations sur l'avortement, l'État de Californie se comportait comme «un régime autoritaire».

Dans son opinion de désaccord, le juge Stephen Breyer a rétorqué que certains États américains obligeaient pourtant déjà des médecins à dire aux patientes que des services d'adoption étaient disponibles. Alors pourquoi un «conseiller médical» ne pourrait-il pas être obligé d'informer une patiente de la disponibilité de services d'avortement?

Il y a plus de 2.000 centres de crises de grossesse aux États-Unis, et cette décision juridique pourrait avoir un impact au-delà de la Californie.

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