Nicolas Sarkozy était lundi 25 janvier l'invité de «Paroles de Français» sur TF1. Une émission spéciale, présentée par Jean-Pierre Pernaut. Le principe était simple: le président de la République répondait aux questions de 11 Français «lambda», un panel de «vrais gens» de la «vraie vie», que la chaîne a voulu représentatif.
Le chef de l'Etat a visiblement souhaité pendant cette confrontation se montrer proche des Français et de leurs préoccupations, c'était le but affiché. Tellement proche qu'il a établi de curieuses règles dans la formulation de ses réponses. Nous ne nous pencherons pas ici sur la tournure de ses phrases, mais davantage sur la façon dont il a interpellé ses intervieweurs d'un jour.
Pour davantage de proximité, Nicolas Sarkozy en a appelé certains par leur prénom. Pas tous. Il semblerait que seules les femmes (Elodie, Bernadette, Sophie, Nathalie...) et les deux seuls représentants des «minorités visibles» (Rex et Samir pour être précis), par ailleurs plutôt «jeunes», aient eu droit à ce «traitement de faveur». En revanche, le Président a servi du «Monsieur Berthelot» au gentil retraité, du «Monsieur Ménahes» au syndicaliste et du «Monsieur Bills» au chef d'entreprise.
Nathalie, Martine, Elodie...
Ainsi Nathalie Perriot, diplômée bac+5 et au chômage... Si elle a eu le droit à un doux «Mademoiselle Perriot» en guise de première interpellation, elle n'a par la suite été appelée par le Président que «Nathalie». «La réponse à votre situation, c'est la croissance, Nathalie»; «La France que vous connaissez, Nathalie...». Nathalie, première de l'émission à poser ses questions, s'est-elle sentie davantage impliquée par ce contact privilégié avec Nicolas?
Même traitement pour Martine Millet, infirmière, pour Elodie Lupont-Dupin, auto-entrepreneuse et pour Marguerite Gautier, comptable. A aucun moment le Président ne s'est adressé à elles en utilisant leur nom de famille, et ce alors qu'une fiche détaillée (avec leur nom complet, leur âge, leur métier et leur situation familiale) était présentée à l'écran au début de chacune de leurs interventions. Et que la caméra montre plusieurs fois Nicolas Sarkozy prendre des notes.
Une seule femme sur le plateau a pu entendre son nom de famille prononcé à maintes reprises par le chef de l'Etat, c'est Sophie Poux. Peut-être est-ce dû à la pugnacité de cette productrice de lait (son échange avec Nicolas Sarkozy est un des plus longs de l'émission), particulièrement vive.
... Rex, Samir, Monsieur Le Ménahes
Le Président ne mentionne pas une seule fois le nom de famille de Rex Kazadi et Samir Abbad. Ce qui donne des échanges comme: «Samir, vous êtes enseignant en?»; «Samir, d'après ce qu'il vient de nous dire...». Ou encore un aimable: «Rex a raison». Point de «Monsieur Kazadi», ni de «Monsieur Abbad». En revanche, pas un seul «Jimmy», aucun «Jean-Georges», aucun «Pierre» (et ce, même si le nom de Pierre Le Ménahes n'était pas des plus faciles à prononcer, ce qui a donné par moment des bafouillages ou des raccourcissements de patronyme étranges).
Et la gymnastique semble plutôt bien ancrée dans l'esprit de Nicolas Sarkozy. Quand il ne se souvient plus du nom d'une femme, c'est un prénom qu'il cherche: «C'est comment déjà, Bernadette, c'est ça?». Au contraire, quand il s'agit d'un homme, c'est le patronyme qu'il essaye de se remémorer.
Julia Vergely
Image de une: TF1/Reuters
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