La plupart du temps, ils ne vont pas déposer plainte à la police. De peur de n'être pas pris au sérieux, de crainte de subir des représailles, ou parce que de précédentes plaintes n'ont été d'aucune aide. Au total, à peine 29% des personnes issues des communautés les plus sujettes aux discriminations à New York ont reporté des cas de harcèlement, de discrimination ou des actes haineux entre juillet 2016 et fin 2017.
Minorités discriminées
Une étude de la Commission sur les droits humains de la ville de New York vient de paraître, menée sur 3.105 musulmans, Arabes, Sud-asiatiques, juifs et sikhs, sur une durée qui encadre la dernière élection présidentielle américaine. Les musulmans sont les plus représentés, comptant pour 50,4% des échantillons du sondage.
Dans un contexte où le gouvernement américain a successivement mis en place un décret anti-immigration connu sous le nom de «Muslim ban», a mis fin au Statut Temporaire de Protection –destiné aux migrants de pays ayant subi des catastrophes naturelles, des troubles prolongés ou des conflits– et a désossé le dispositif migratoire d'action différée pour les arrivées d'enfance (DACA), les chercheurs ont souhaité faire un état des lieux des discriminations auxquelles étaient confrontées quotidiennement les personnes issues des minorités.
Sans surprise, les taux sont plutôt élevés: 38,7% des répondants (soit près de deux sur cinq) ont déjà subi du harcèlement verbal, des menaces ou des railleries racistes ou relatives à leur ethnie ou leur religion, et 26,6% (plus d'un sur quatre) l'ont déjà vécu plus d'une fois. 8,8% ont été confrontés à des violences physiques. Le rapport n'indique cependant pas s'il y a eu une augmentation des actes discriminatoires par rapport aux années passées.
Signes distinctifs
Les personnes les plus touchées sont celles arborant des signes religieux distinctifs, ou dont la couleur de peau les assimile à un certain type de population. Les femmes musulmanes sont particulièrement affectées par ces violences: 27,4%, soit une femme sur quatre portant un hijab s'est déjà fait pousser ou bousculer intentionnellement sur une plateforme de métro en raison de son appartenance ethnique et religieuse (contre une moyenne de 13,6% pour les autres minorités).
Les jeunes sikhs (moins de 35 ans) ont presque deux fois plus de chances d'être agressés verbalement que les autres sondés (55% contre 29,3%), et 80% des juifs ont dû essuyer des actes de vandalisme. Concernant les discriminations à l'embauche ou dans le monde du travail, les Sud-asiatiques et les musulmans sont les plus affectés, respectivement à 19,4% et 18,7%.
S'il donne quelques points de repères, le rapport manque cependant de points de comparaison essentiels, par rapport au reste de la population et aux années passées: on ne saurait donc en tirer un portrait fidèle des États-Unis à l'ère de Trump. La communauté noire envisagée en tant que telle est également la grande absente du dossier.