Il ne s'en est pas si mal sorti, Nicolas Sarkozy, lundi soir à la télé. Tour à tour spécialiste de la formation marketing-communication en école de commerce, des quotas agricoles communautaires, du transport de marchandises et du système de retraite des artisans et commerçants, on peut dire qu'il les a éblouis, les «vrais gens» de son panel représentatif et corrigé des variations saisonnières...
Tout juste s'est-il planté ici ou là, sur le nombre d'exploitations laitières qu'il situe aux alentours de 100.000 alors que chacun sait qu'il est tout de même bien plus près des 80.000, par exemple. Mais bon, que celui qui n'a jamais confondu un enseignant titulaire de la fonction publique avec un simple contractuel lui jette le premier Tétra-Pak d'UHT! Et puis quoi, il ne s'est même pas démonté lorsqu'un syndicaliste à boucle d'oreille lui a envoyé les délocalisations automobiles à la figure! Mieux, c'est tout juste s'il ne lui a pas expliqué comment, désormais, se répartiraient la production et la commercialisation de la Clio IV à l'échelle internationale! Incollable, qu'il était, le président...
Remarquez, on en a un peu l'habitude, de ces présidents qui savent tout. Chirac, aussi, il pouvait répondre à n'importe quelle devinette au pied levé. Qu'un PPDA le soumette à la question avec l'agressivité qui le caractérise lorsqu'il s'adresse à un puissant, et l'autre grand escogriffe rigolard sortait la bonne réponse de son chapeau sans la moindre hésitation. Et Mitterrand, imperturbable malgré la fesse d'Yves Mourousi posée sur son bureau, débitant sa litanie de statistiques ultra-pertinentes avec l'aisance du spécialiste de l'économie qu'il était de notoriété publique... Et Giscard. Et Pompidou. Et de Gaulle...
Parions que Ségolène Royal, si elle accède un jour à la magistrature suprême, deviendra LA spécialiste incontestée de la flotte française de sous-marins nucléaires. Ou du moins qu'un brave technicien de la Direction des constructions navales, sans doute sélectionné par la méthode des quotas pour participer à une joute télévisée sans complaisance avec la présidente, lui offrira l'occasion de nous épater sur ce thème.
C'est d'ailleurs l'une des preuves les plus éclatantes de la supériorité de nos leaders sur ceux des autres pays, cette omniscience spectaculaire et ce sens inouï de l'à-propos. C'est sûr, les mauvaises langues aiment bien rabâcher que même un âne à qui l'on proposerait de choisir la chaîne, le format du débat, le modérateur, les sujets et l'ordre dans lequel ils seront abordés s'en sortirait aussi bien que le chef des irréductibles Gaulois mais, bon, qu'attendre d'autre des mauvaises langues, hein?
Hugues Serraf
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Image de une: Le plateau de TF1 où des Français posaient des questions à Nicolas Sarkozy / Reuters