Dans une tribune pour le New York Times, l'écrivain Roberto Saviano revient sur les évènements qui ont choqué l'opinion publique italienne au début du mois de janvier. L'auteur de Gomorra rend hommage aux «héros africains de l'Italie» qui se sont révoltés à Rosarno, mais met en garde contre une mauvaise interprétation des faits:
Les émeutes ont été décrites comme des affrontements entre les immigrants et les Italiens, mais il s'agissait d'une révolte contre la 'Ndrangheta, la puissante mafia calabraise. Toute personne qui réfute ou minimise ce motif n'est pas familier avec ces endroits où tout, du travail aux salaires en passant par le logement, est contrôlé par des organisations criminelles.
Saviano rappelle le précédent drame de Castel Volturno en 2008, quand des hommes de main de la mafia napolitaine avaient exécuté six Africains et déclenché une révolte similaire. Il souligne que, contrairement à la France ou au Royaume-Uni, où les immigrés ont également la vie dure, mais bénéficient de droits tangibles et réels, ils sont livrés à eux-mêmes en Italie et sont exploités par la mafia, qui leur fournit en échange des zones abandonnées pour vivre et une relative tranquillité vis-à-vis de la police.
Mais contrairement aux Italiens, les immigrés africains n'ont pas le choix de partir pour fuir la mafia, et sont obligés de lui faire face. «Les immigrés viennent en Italie pour faire le travail que les Italiens ne veulent pas faire, mais ils ont également commencé à défendre des droits que les Italiens sont trop effrayés, indifférents ou fatigués pour défendre eux-mêmes, écrit Saviano. Je dis à ces immigrés africains: ne partez pas, ne nous laissez pas seuls avec la mafia.»
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Image de Une: La révolte des immigrés africains à Rosarno Reuters