Société / Culture

Médine au Bataclan: une polémique de fainéants (qui ne connaissent pas grand-chose au rap)

Temps de lecture : 15 min

Derrière la posture provoc et confuse du rappeur se trouve un discours qui n'est pas vraiment celui dénoncé par ses adversaires.

«La provocation n’a d’utilité que lorsqu’elle provoque un débat.» | Seum Shine via Flickr CC License by

Depuis le tweet de Marine Le Pen dimanche matin, la polémique autour des concerts de Médine au Bataclan ne cesse d’enfler autour d’un hashtag, #PasDeMédineAuBataclan. Certaines voix s’élèvent pour réclamer l’interdiction des deux dates du rappeur havrais prévues les 19 et 20 octobre, s'appuyant sur des extraits et des affiches issues d’un album qui date de 2005.

Il y a treize ans, Médine sortait son deuxième album, Jihad, le plus grand combat est contre soi-même sur son label actuel, Din Records. C’est donc sa pochette et l’utilisation du terme «jihad» qui posent problème. Dans le treizième morceau de l’album, Médine conclut son morceau «Jihad» par une explicitation du concept du même nom:

«Ma richesse est culturelle, mon combat est éternel
C’est celui de l’intérieur contre mon mauvais moi-même
Mais pour le moment, les temps resteront durs
Et pour le dire une centaine de mesures
Jihad!»

Le jihad signifie «l’effort», «l’abnégation», «la lutte» en arabe. Il est l’un des devoirs religieux en islam bien qu’il ne fasse pas partie de ses cinq piliers. Le jihad fait référence, dans le Coran, à «ceux qui déploient un effort dans la voie de Dieu». Sa définition varie selon les interprétations et les courants spirituels. Selon Ibn Rochd de Cordoue (plus connu sous le nom d'Averroès), théologien musulman du XIIe siècle, il existe quatre types de jihad. D’abord celui du cœur, puis celui de la langue, celui de la main et celui de l’épée.

«Médine n'était pas supposé toucher le grand public»

Ici, le jihad que Médine souhaite mener semble être celui du coeur et de la langue, le «jihad majeur» qui invite les musulmans et musulmanes à combattre leurs propres vices et à tendre, sans cesse, à l’amélioration. Al-Tirmidhi (824-892) a écrit de nombreux ouvrages sous forme de six compilations de hadith canoniques de l’islam sunnite (communication orale du prophète de l’islam Mahomet). Il explique que, selon le prophète, «Le vrai combattant sur le chemin de Dieu est celui qui lutte contre son ego». Or, certains et certaines expliquent que les mots évoluent avec l’utilisation qu’on en fait et qu’aujourd’hui, jihad est devenu synonyme de barbarie. Pour l’islamologue Ghaleb Bencheikh interrogé par l’Opinion, «le vrai sens du mot jihad est perdu à jamais».

La signification que nombre de commentateurs apposent aujourd’hui au terme est donc, par son aspect partial, anxiogène. Et c’est de cette rhétorique qu'usent certaines personnes pour tenter de faire annuler le concert. Comme l’explique Genono, journaliste spécialiste du rap français, le discours de Médine peut provoquer l’incompréhension. «Médine est un rappeur qui a toujours joué sur les double-sens, avec pour conséquence logique d'être compris par ceux qui ont réellement envie de comprendre et décrié par les autres. Quand t'appelles ton album “Jihad”, tu sais très bien qu'un électeur d'extrême droite va sauter sur l'occasion pour te traiter d'islamiste.»

Damien Rieu, de son vrai nom Damien Lefèvre, militant identitaire, proche de Marion Maréchal Le Pen et à l’origine de l’opération anti-migrants dans les Alpes, a ainsi posté une vidéo sur Twitter le 9 juin, en s’adressant directement à Médine. Il le prévient: «Ton concert il n’aura jamais lieu, tu ne saliras pas la mémoire de ceux qui sont morts ce jour-là». Et renvoie à la page Facebook du Collectif Stop Islamisme, créé pour l’occasion, qui entend bien être de la fête le 19 octobre. À l’argument du combat contre soi-même, le militant rétorque que c’est une manière de ne pas assumer ce qu'il juge être un appel à la «guerre sainte», notant la représentation d’un sabre sur le t-shirt de Médine, signe certain d’un appel à la violence selon lui.

En réponse constante aux reproches qui lui sont faits sur le manque de clarté de son message, l’artiste prône le droit à la provoc'. Genono, explique: «C'est le problème du positionnement d'un rappeur comme Médine, qui n'était pas supposé toucher le grand public à la base. C'est un rappeur de province, indépendant, qui aime manier les sujets polémiques.» Un éloignement du grand public qui peut provoquer, selon lui, des critiques virulente envers le rappeur. «Un t-shirt “Jihad”, un barbu, le Bataclan... Les amalgames sont beaucoup trop faciles pour que le grand public aille se dire “Tiens, si j'allais creuser un peu pour me rendre compte que Médine parle du combat contre soi-même, et passe son temps à dénoncer l'intégrisme?”»

La provoc’ comme cheval de Troie

D’ailleurs, pour les dix ans de l’album, un article a été publié sur le site du label Din Records: «Nous profitons de cet anniversaire décennal pour rappeler que Médine a toujours été dans la provocation. C’est son cheval de Troie inversé. D’apparence, il joue sur des éléments provocateurs et qui interpellent. Mais quand on creuse ses albums, on comprend alors que son discours n’incite ni à la violence ni à un quelconque prosélytisme».

Sur Twitter, nombreuses et nombreux ont été les responsables politiques de droite et d’extrême droite à appeler à l’annulation des concerts, la présidente du Rassemblement national en tête suivie par Laurent Wauquiez, Valérie Boyer, Gilbert Collard, David Rachline ou encore Jordan Bardella. Et la protestation dépasse les rangs habituels: certains élus et élues de La République en marche se sont aussi montrées défavorables à la tenue des concerts. Ainso Aurore Bergé a estimé que les paroles de Médine sont «ni plus ni moins un appel au meurtre». Des propos forts, mais inexacts pour Genono, selon qui «il n'y a aucune logique dans les arguments de ses détracteurs, surtout quand on se rend compte de leur mauvaise foi spectaculaire –y compris quand ça vient de journalistes».

La polémique s’extrait des réseaux sociaux dans la soirée de dimanche pour se déplacer sur les plateaux télé, dont celui de BFM Politique, présenté par Apolline de Malherbe. On y voit la journaliste, face à son invité Brice Hortefeux, présenter l’objet de la querelle, à savoir l’album sorti en 2005 (et non en 2015, comme l'introduit la présentatrice): Jihad, le plus grand combat est contre soi-même. Sauf que, dans la bouche d'Apolline de Malherbe, les termes «contre soi-même» semblent rester bloqués. Elle bafouille et préfère passer à autre chose, avant de demander à son invité: «Est-ce que vous pensez que Médine, qui chante ce genre de propos, a sa place au Bataclan?». À cette question, l’ancien ministre répond non, estimant que «ce monsieur devrait aller exercer son manque de talent ailleurs».

On doit reconnaître à Brice Hortefeux son sens des mots. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant qu’on retrouve cet extrait samplé dans l’un des prochains morceaux du rappeur. Car comme il l'expliquait récemment à l’École normale supérieure lors d'une conférence, dans le rap, comme dans la science, «rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme», même les critiques.

Et c’est l’un des marqueurs forts de l’identité artistique de Médine: il emprunte à ses adversaires leurs reproches et se les ré-approprie, avec parfois un sens aigu de la provocation. C’est par exemple le cas de l’expression «islamo-caillera» qu’il reprend volontiers à son compte. «C’est très excitant du point de vue de l’auteur, de réutiliser des sémantiques qui sont utilisées pour te vilipender», confie-t-il. Un jeu qui lui permet alors de déconstruire les ambiguïtés qui lui sont reprochées, comme le souligne Genono: «J'ai l'impression que Médine recherche la polémique pour pouvoir combattre frontalement ses détracteurs, cette fois il est servi. Bon courage parce qu'il est face à une belle armée de crétins».

Le jeu de provocation, essentiel au rap, échappe cependant à une certaine partie de la classe politique qui ne connaît du rap français ni son esthétique, ni ses mots. Et quand ils tombent dans le piège de la provocation, c’est précisément le moment où ils se mettent à détruire un imaginaire qu’ils ont eux-mêmes construit. Devant les normaliens, Médine résume sa démarche: jouissive mais assez périlleuse.

«J’démine, ils me prennent pour un poseur de bombe»

En 2015, à l’occasion de la sortie de son EP Démineur, le rappeur havrais ressurgit avec la sortie de son single, «Don’t Laïk», une semaine avant les attentats de Charlie Hebdo. Des voix s’élèvent alors pour dénoncer la chanson. Alain Finkielkraut en tête. Ce qui nous gratifie d’une séquence dans laquelle l’académicien interprète les paroles de Médine aux côtés d’Élisabeth Lévy, sur la radio RCJ. Des «vociférations» qui inquiètent le philosophe.

Et trois ans après, les paroles de «Don't Laïk» se retrouvent à nouveau au coeur de la polémique. Parmi les extraits cités par ceux qui s'opposent à sa venue au Bataclan, plusieurs reviennent souvent: «Je porte la barbe j'suis de mauvais poil / Porte le voile t'es dans de beaux draps».

Ici, Médine tend à dénoncer les discriminations que subissent, en France, certains musulmans qui arborent la barbe et les musulmanes qui portent le voile. Si ces paroles sont encore si commentées, c'est parce qu’une partie de la classe politique découvre Médine, pourtant actif sur la scène hip hop française depuis plus d’une décennie, mais aussi parce qu’elles font aujourd’hui écho à des situations qui occupent en permanence l’agenda médiatique.

Autre extraits commenté: «Crucifions les laïcards comme à Golgotha». Là, le rappeur se réfère à la crucifixion de Jésus sur le mont Golgotha, plus connu sous le nom du mont Calvaire. Sans faire tout à fait l’apologie d’une société cléricale, comme pourrait le laisser penser le titre de la chanson («Don’t Laïk»), le rappeur tend à dénoncer les excès de certains acteurs du débat public dans leur vision restrictive de la laïcité. «“Crucifier les laïcards comme à Golgotha”, c'est un oxymore! C'est un déroulé d'absurdités jusqu'à la fin du morceau, qui amène à la dernière partie, sur l'exorcisme de la laïcité: à la fin, je rappelle que son corps est possédé par certaines gargouilles de la République», explique Médine sur le plateau d’Arrêt sur images.

En guise d’outro de la chanson, le rappeur se lance dans une tirade à la recherche du «mal qui habite le corps de dame laïcité». Un mal qui porte les noms, selon lui, de Nadine Morano, Jean-François Copé et Pierre Cassin. Par ces paroles, il entend faire comprendre que la notion de laïcité est instrumentalisée par certains contre l'islam en particulier. Un travestissement de cette «chère valeur» qu’il souhaite, lui le rappeur musulman, «chasser de ce corps» afin de redonner ses lettres de noblesse à «cette enfant vieille de 110 ans», en endossant le rôle de l’exorciste («Vade retro satana»).

Sorti dans un contexte extrêmement tendu, ce morceau de Médine a mis en lumière le clivage entre les défenseurs d’une laïcité «souple», permettant à tout individu de pouvoir exprimer sa religion librement, et les tenants d’une laïcité plus «stricte» qui voudraient interdire le voile et tous autres symboles religieux dans l’espace public. Exprimés par les tensions entre Jean-Louis Bianco, le directeur de l’observatoire de la laïcité, et le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, ce clivage-là, ce contexte, ce temps particulier forment le terrain de jeu des morceaux Médine. Omettre, consciemment ou pas, de le préciser, c’est déjà en dévoyer le sens et le message. Le rappeur résume ce jeu dans son titre «Démineurs»: «J’démine, ils me prennent pour un poseur de bombe».

«La provocation n’a d’utilité que lorsqu’elle provoque un débat»

Le 24 février dernier est sorti le cinquième album de Médine, Prose Élite. Un morceau attire particulièrement l’attention, «Global», comme un mea-culpa en six minutes et vingt secondes. Il y liste ses erreurs, et parmi elles, l’un de ses premiers regrets va au changement opéré dans son positionnement politique: «Numéro 1, j'suis passé du fauteuil de Newton en rotin au sofa d'Soral à jouer les penseurs de Rodin».

Référence à la photo de Huey P. Newton, un des cofondateurs du mouvement Black Panther Party, assis sur un fauteuil en rotin –référence qu’il avait déjà utilisée dans son album Arabian Panther. Il émet le regret d’être passé du statut de militant à celui d'agitateur et déclare qu’il faut qu’il arrête de jouer au «cyberactiviste» et qu’il «n’y a pas que la lutte sociale dans le rap». En sept points, il remet en cause son positionnement. Si le rappeur adopte cette démarche, c’est aussi parce qu'il est conscient que son discours est parfois inaudible.

Lors de sa conférence à l’École normale supérieure, Médine a expliqué: «La provocation n’a d’utilité que lorsqu’elle provoque un débat. Lorsqu’elle met le rideau de fer sur la possibilité de dialogue, elle ne sert plus la provocation. Et donc j’ai eu la sensation d’avoir provoqué un débat sur le sujet de la laïcité, avec des voix qui sont différentes de celles qu’on a l’habitude d’entendre sur les plateaux télé, avec une affirmation de quelqu’un du monde de la culture qui se revendique laïque d’une autre façon, et donc c’était inaudible. C’était inaudible parce qu’il y a eu un morceau de rap, qui plus est un morceau de trap, avec un débit particulier, avec de la provocation, avec un clip qui ne vient pas désamorcer la provocation mais qui vient l’accentuer, donc j’ai la sensation, c’est vrai, d’être allé trop loin dans la provocation».

Tout ce qu’il voulait faire, c’était le Bataclan

D’abord, il faut alors rappeler que Médine ne se produira pas au Bataclan pour son album Jihad mais pour Storyteller et Prose Élite.

Dans son communiqué, le Printemps Républicain s’est montré prudent à l’égard de Médine. Ses membres affirment ne pas vouloir l’annulation de son concert, pour l'empêcher de «s’ériger en victime de la censure». Cependant, le collectif fondé par Laurent Bouvet n’hésite pas à critiquer certaines positions de Médine lui reprochent d'être l'«ami de Dieudonné et Kémi Séba» et les paroles dans la chanson «Don’t Laïk»: «Médine peut donc s’exprimer sur toutes les scènes de France sans avoir à craindre pour sa sécurité et son public peut se rendre à sa rencontre sans peur des représailles –surtout pas de la part des défenseurs de la laïcité que l’artiste appelle pourtant à “crucifier” dans une de ses chansons».

Le communiqué pose enfin la question de la programmation par la direction du Bataclan: «Dans un tel lieu de mémoire, la logique purement commerciale ne peut s'imposer, seule, quant au choix des artistes invités à se produire sur scène et encore moins lorsqu’il s’agit d’un artiste qui posait il y a encore quelques années sabre à la main sur l’affiche de l’un de ses albums, le tout accolé au mot “jihad”!». La question qui se pose en réalité est la suivante: à qui appartient aujourd’hui la programmation du Bataclan?

En février, Jules Frutos, le codirecteur du Bataclan, exprimait les difficultés qu’il rencontrait pour faire revivre la salle parisienne: «On avance pas à pas, c’est difficile, long. La normalité que nous recherchons est quand même à chaque fois remise en cause par les articles, les autres attentats. À chaque fois, c’est le Bataclan qu’on voit à la télé, dans la presse. Bien sûr que cela n’aide pas».

Le directeur se félicitait aussi du retour des artistes dans la salle et notamment des… rappeurs: «La bonne nouvelle, par contre, c’est qu’on a 90% de remplissage en moyenne par spectacle. […] Et les rappeurs français reviennent, ça non plus ce n’était pas évident. Cela nous conforte dans notre volonté de continuer à faire vivre cette salle».

Sur Facebook, Médine avait d’ailleurs exprimé sa fierté de pouvoir se produire dans cette salle de spectacle, à l’occasion de la sortie de son clip «Bataclan». «En 1999, mon frère Alassane, dit Sals’a, rappait justement “Mon but, c’est de faire le Bataclan, pas d’voir les clans s’battre”. Dix-neuf ans plus tard, on sort le clip “Bataclan”, tourné en partie dans cette salle parisienne emblématique. Tout un symbole pour nous et pour les artistes qui voyons la scène comme le meilleur endroit où exercer notre passion.»

Les mauvaises fréquentations du «cherchieur»

Au-delà de ses textes, si Médine est aussi critiqué, c’est également pour certaines de ses relations passées. En septembre 2014, Kémi Séba se rend au théâtre de la Main d’Or à Paris pour présenter son dernier livre. Parmi la file de fans, Médine. Kémi Séba est un suprémaciste noir, proche de Dieudonné et d’Alain Soral. Depuis une dizaine d’années, il se revendique du «panafricanisme» pour lutter contre «le mondialisme». Or, ses propos tendent en réalité vers le racialisme et il a déjà été condamné pour incitation à la haine raciale suite à des propos antisémites.

Lors de sa conférence parisienne, Kémi Séba explique: «Le mondialisme, c’est oublier notre identité véritable pour adopter une identité qui n’est pas la nôtre… Le projet du mondialisme, c’est de détruire toutes les civilisations, de créer des êtres sans sexe!». Nos confrères de StreetPress en font un article titré «À la Main d’Or, Kémi Séba fait ovationner le rappeur Médine» dans lequel ils rapportent que le conférencier appelle le rappeur «mon ami», et annonce que, lors de la prochaine conférence, Médine assurera un concert en première partie.

Le rappeur tente immédiatement de justifier sa présence aux côtés de Kémi Séba: «Assister à la conférence d’un homme ne veut pas dire épouser ses idées». Médine, qui présente sa démarche artistique et politique comme étant celle d’un «cherchieur», avance qu’il faut parler à tous les publics, et encore plus à ceux qui n'ont pas les mêmes opinions: «Voilà dix ans que j’étudie la question du communautarisme, de la radicalisation au sein de nos quartiers, non pas de façon traditionnelle mais avec une méthode qui semble avoir disparue: LE TERRAIN. Être sur le terrain, c’est être amené à comprendre les problèmes de l’intérieur. Faire des analyses depuis les salons a son utilité mais manque parfois de pertinence concernant les questions si délicates du radicalisme et du communautarisme. Ma démarche est une démarche de chercheur. Être capable d’aller au plus près de certains phénomènes pour mieux les comprendre et si nécessaire mieux les combattre».

Un positionnement qu’il nuancera l’année d’après. Toujours en 2014, Médine refait parler de lui, à cause d'une photo cette fois. On l’y voit faire une quenelle dans les locaux de Skyrock en soutien à Dieudonné. Ce geste et sa présence à la conférence de Kémi Séba lui ont laissé «un goût amer», comme on l'apprend dans un portrait paru dans Libération en 2015. Aujourd’hui, il affirme regretter ces deux gestes déplacés qui viennent parasiter le discours qu’il porte sur scène et en studio depuis 2004.

Du côté du Bataclan, toujours aucune réaction officielle. Invoquant le risque de trouble à l’ordre public, deux des avocats des familles des victimes du Bataclan, maîtres Wasserman et Benaïem, annoncent qu'ils vont saisir la préfecture de Paris pour demander l'interdiction du concert. Certaines victimes des attentats s’insurgent cependant contre ce qu’elles considèrent être de la récupération politique. C’est le cas de l’association Life for Paris, qui rappelle sur Twitter qu’elle n'est pas un organe de censure: l’association «ne laissera personne instrumentaliser la mémoire des victimes des attentats à des fins politiciennes, comme c'est le cas dans cette affaire».

Pour l’instant, silence total dans les rangs du label Din Records. De son côté, Tefa, producteur et beatmaker français, estime qu’il est urgent pour les rappeurs de s’organiser contre la censure: «Nous gardons le silence comme des témoins coupables de non-assistance à personne engagée. Plus ça avance et moins nous pouvons nous exprimer, nous ne pouvons plus dire le quart de ce que nous pouvions dire il y a vingt ans. Que deviendraient des titres comme “J’aurais pu croire” d’Iam, “Police” de NTM, “Hardcore” d’Ideal J, “Sacrifice de poulets” de Ministère A.M.E.R, “Lettre au président” de Fabe, “La France” de Sniper s’ils sortaient aujourd’hui?».

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