On le sait, les enfants traumatisés dans leur enfance ont plus de risque de souffrir à l'âge adulte. Les probabilités qu'ils deviennent obèses, aient un cancer, souffrent d'une maladie du cœur ou d'une maladie mentale, sont plus élevées. Ils ont aussi plus de risques d'adopter des conduites dites «à risques» (alcool, tabac, drogues...).
Mais le traumatisme subit pendant l'enfance du parent peut aussi avoir des répercutions sur la santé de son enfant, comme le montre une enquête parue dans The pediatrics: «Association intergénérationnelle d'expériences néfastes de l'enfance de parents et des effets sur la santé de leur enfants», rédigée par des chercheuses et chercheurs de l'académie américaine des pédiatres.
Quels résultats?
Peu importe la nature de l'événément traumatisant subi par le parent, ses enfants ont 19% de risques en plus d'avoir une santé médiocre et 17% de risques de plus d'être asthmatique, conclut l'enquête.
«Observer les relations intergénérationnelles nous permet de voir toutes les répercutions à long terme et notamment sur la santé des enfants», a expliqué Félice Lê-Scherban, la chercheuse aux commandes de l'étude, à Quartz.
Les traumas pris en compte par l'enquête sont divers: abus physiques, sexuels, émotionnels, négligence, violence domestique, discrimination, environnement violent, harcèlement scolaire...
Les scientifiques ont sondé 350 parents, à Philadelphie, qui ont répondu à des questions sur leurs propres traumatismes. Ils ont aussi parlé de la santé de leurs enfants, de leur rapport à l'hygiène de vie (manger des fruits et légumes, faire de l'exercice) et de leur accès aux soins.
85% des parents interrogés ont vécu au moins une fois un événement traumatisant dans leur enfance. Et 18% plus de six fois. À Philadelphie, où le sondage a été mené, un quart des habitants et habitantes vivent dans la pauvreté.
Pour Félice Lê-Scherban, le plus préoccupant dans les résultats c'est qu'une santé médiocre et de l'asthme pendant l'enfance sont souvent synonymes des mêmes symptômes à l'âge adulte, ce qui engendre ensuite des taux de mortalité plus hauts.
Traumatisme de génération en génération
Les auteures de la recherche n'ont pas déterminé comment le traumatisme se transmettait à la génération suivante. Ce pourrait être environnemental, génétique, épigénétique (des changements génétiques causés par des facteurs extérieurs tels que l'alimentation, le tabac ou le stress). On sait, par exemple, que les survivants et survivantes de la Shoah ont subi des changements génétiques susceptibles d'être, par la suite, transmis aux générations suivantes.
Les chercheuses espèrent aussi inviter les pédiatres à interroger un peu plus le passé des parents pour comprendre la santé de leur enfant, en envisageant une approche intergénérationnelle du traumatisme.