Complainte de l’été, course de Tokyo, danse aztèque, ventre de Delhi, maladie de la mer Rouge... Selon les langues et les pays, la tourista a plusieurs noms, mais elle reste toujours cette sale diarrhée qu'un vacancier sur deux ou sur trois chope lorsqu'il se rend à l'étranger. Dans la grande majorité des cas, cette gastro-entérite aiguë est causée par la bactérie Escherichia coli et de récents travaux scientifiques montrent que nous ne serions pas tous égaux face au pathogène.
Selon une étude publiée le 17 mai dans le Journal of Clinical Investigation, les individus de groupe sanguin A auraient ainsi près de deux fois plus de risques d'être touchés. Pourquoi? Parce que la bactérie secrète une protéine qui se fixe aux molécules de sucre présentes dans les cellules sanguines de type A et absentes chez celles de type O ou B. Des molécules que l'on retrouve aussi dans vos intestins, si vous êtes de ce groupe sanguin A, et qui offrent à la bactérie un point d'ancrage pour larguer ses toxines.
Dans l'expérience des chercheurs de l'université Johns Hopkins, 106 volontaires ont dû boire de l'eau contaminée par une souche bactérienne isolée sur un malade du Bangladesh. Cinq jours plus tard, 81% des individus de groupe A et AB étaient atteints de tourista, contre une personne sur deux chez les groupes O ou B. Qu'on se rassure: tous les cobayes ont été soignés aux antibiotiques et pètent aujourd'hui la forme.
Une découverte qui pourrait contribuer à la conception d'un vaccin ciblant spécifiquement la protéine bactérienne. Un vaccin qui ne rendrait pas des services qu'aux touristes: dans les pays en voie de développement, Escherichia coli fait partie des premières causes de la malnutrition infantile et des problèmes de croissance qui peuvent en découler.