Si vous n'avez rien de prévu ce week-end, faites un tour à Rétromobile. Jusqu'au 31 janvier, le salon de la porte de Versailles se transforme en espace marchand où près de 100.000 amateurs de voitures de collection viennent faire des emplettes ou admirer de belles carrosseries.
Cette 35 éme édition, qui coïncide avec les 200 ans de Peugeot, les 100 ans d'Alfa Romeo et les 90 ans de Mazda, est dédiée à «l'aventure des transports urbains», du premier omnibus à moteur au dernier omnibus à cheval. Elle inclue aussi les micro-cars (Avolette, Bella, Casalini, Isetta, Messerchmitt, Willam..), c'est-à-dire les ancêtres, parfois centenaires, des «compacts cars» modernes.
Ce salon est aussi l'occasion de faire le point sur l'état financier du marché avec la vente de véhicules d'exception dont le total représentait près de 12 millions d'euros en 2009, dont 350.000 euros pour une DS décapotable.
Parmi les modèles les plus étonnant mis sous le marteau cette année, on notera une Bugatti Brescia 2461/879 inscrite par la maison de vente britannique Bonhams. Ce modèle de 1925 est exceptionnel car il est resté 73 ans par 53 mètres de profondeur dans le lac Majeur et n'a été remonté par des plongeurs qu'en juillet 2009. L'histoire de cette Bugatti, dont l'état de conservation est meilleur sur la parie immergée dans la boue, est étonnante : elle fut achetée en 1925, à Annecy. Puis noyée par son propriétaire quelques années plus tard parce qu'il avait été condamné par la justice à détruire ce véhicule dont il n'avait pas payé les droits de douane !
L'autre temps fort de la vente, sera la dispersion de collections espagnoles comprenant 28 automobiles dont 6 Hispano Suiza à carrosserie spéciale des années 30 et de nombreux cabriolets Bentley, Lagonda, Horch (853A), Cadillac (V16 Double Phaeton). Les enchères devraient culminer avec une Alfa Romeo 8C 2300 Manza de 1932 estimée plus d'un million d'euros. Autre modèle à suivre: une Ferrari 400 Superamerica Series I coupé de 1962 qui fut la propriété d'Alain-Dominique Perrin, ex président du joaillier Cartier. Ce bolide est estimé à environ800.00 euros.
Depuis le 1er janvier, la FIVA (Fédération International de Véhicules Anciens) fournit une nouvelle définition du véhicule historique. Elle s'applique aux voitures âgés au minimum de 30 ans contre 25 ans auparavant. Cette définition n'est pas la seule. Les compagnies d'assurances estiment «automobiles de collection», les véhicules de marques disparues ou de modèles abandonnés, construites depuis plus de 20 ans et n'étant plus classées a l'argus des véhicules courants ou d'occasions.
A la fin des années 80, ces voitures on fait l'objet d'une spéculation folle, notamment sous l'effet des tombereaux de dollars que les américains ont déversé pour acquérir des «Classic» en Grande-Bretagne après les baisses d'impôt dont ils profitèrent sous l'ère Reagan (1981-1989). S'en est suivi un emballement de la cote. Celle-ci a progressé de plus de 500% en l'espace d'une vingtaine d'années. Avec la fin du boom spéculatif des années 90, les prix ont repris une ascension progressive, et le marché est essentiellement aux mains d'amateurs et de passionnés. Mais, durant ces trois dernières années, certains modèles important ont doublé, voire triplé de valeur, essentiellement pour des automobiles d'exception. De façon générale, les experts estiment que le différentiel entre les véhicules en état moyen et les véhicules en état collection se creuse.
Si vous envisagez d'acheter une voiture de collection, quelques trucs sont à retenir.
Les «young timers», c'est-à-dire les véhicules construit après 1960 ne fonctionneront au quotidien qu'avec de nombreuses contraintes. Certains modèles, réputées peu fiables, comme les vieilles Jaguar, nécessitent une patience et un solide bagage mécanique, pour rouler sans craindre la panne. En clair, sauf à accepter de mettre les mains dans le cambouis, il est préférable d'éviter les trajets boulot dodo avec un véhicule ancien, qui pâtira, au décuple, de l'effet des embouteillages.
Sauf modèle exclusif à rafler aux enchères, c'est en s'adressant à un marchand spécialisé, évidemment un peu plus cher, qu'il est souvent le plus simple de dénicher une voiture de collection restaurée. Certains revendeurs garantissent la fiabilité de la mécanique pour une période déterminée. Pour juger de la cote d'un modèle, le plus simple est de consulter les petites annonces dans des journaux spécialisés comme La Vie Auto ou d'entrer les références précises du véhicule sur un site internet qui, comme la Cote auto collectionneur, vous fournira un prix indicatif en ligne, sans formalités.
Une fois, le modèle et le prix calibrés, louez un box et vérifiez la carte grise du véhicule que vous achetez. Depuis le 1er juillet 2009, les cartes grise «collection» (réservées aux véhicules de plus de 30 ans) donnent le droit de se déplacer sans limite géographique à travers toute la France. En revanche, les voitures doivent passer au contrôle technique tous les 5 ans, ce qui n'était pas le cas avec la réglementation précédente.
Sachez aussi que les autos anciennes peuvent être assurées en «collection». Du fait de la faible sinistralité du segment, ces assurances sont bon marché et notamment vendues par des cabinets spécialisés ou des courtiers.
Reste enfin à prévoir un budget d'entretien conséquent pour votre véhicule, surtout si vous n'êtes pas bricoleur. Des marques comme Mercedes-Benz, BMW, Porsche, Audi ou certains constructeurs britanniques ( Rolls-Royce, Bentley, etc.) continuent à fabriquer des pièces détachées et leurs réparateurs sont qualifiés pour entretenir les voitures anciennes, considérées comme des éléments de patrimoine. Mais la donne est, par exemple, différente pour les françaises et italiennes dont les pièces, pas toujours faciles à trouver, devront être achetées d'occasion.
Par contre, Il y a peu de problèmes pour trouver des pneus adaptés aux jantes des «old timer cars». Certains constructeurs rééditent des enveloppes vintage, dont les fameux modèles à «talons», courant dans les années 20. La vitesse maximale à laquelle ces pneus permettent de rouler est généralement rappelée par le manufacturier.
Didier Laurens
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Image de Une: La Bugatti Brescia sortie des profondeurs du Lac majeur