Le principal problème de santé mentale chez les jeunes Américains: l'anxiété. Une étude publiée dans le Journal of Developmental and Behavioral Pediatrics au mois d’avril révèle que le phénomène augmente depuis une dizaine d’années.
«Sur les réseaux sociaux, tout tourne autour de l’image –les likes, les vues et les commentaires... Et ça peut très rapidement devenir un problème. Chaque jour, les enfants y sont exposés et ce n'est pas bon pour leur santé mentale», explique Marco Grados, professeur agrégé en psychiatrie et chef du Service de Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au Johns Hopkins Hospital.
À partir de données collectées par le National Survey of Children’s Health, les chercheurs ont montré que les cas d’anxiété chez les jeunes Américains –âgés de six à dix-sept ans– ont augmenté de 20% entre 2007 et 2012 quand la dépression ne faisait qu'un léger bond, de 0,2%.
Pour Philip Kendall, directeur de la clinique pour enfants et adolescents souffrant de troubles de l’anxiété, ces chiffres sont loin d’être surprenants:
«Les enfants grandissent dans un environnement instable. Avant, nous pouvions avoir confiance en notre environnement. Maintenant, nous vivons en attendant la prochaine catastrophe», explique-t-il au Washington Post.
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Des jeunes toujours plus anxieux
Le quotidien américain souligne que les données concernant les 18-19 ans sont encore plus frappantes. Chaque année depuis 1985, l’Institut de recherche sur l’enseignement supérieur de l’université de Los Angeles (UCLA) demande aux étudiants de première année s’ils se «sentent dépassés» par la charge de travail et les changements dans leur vie. En 1985, 18% d'entre eux ont répondu oui; en 2000, le chiffre avait grimpé à 28% pour atteindre les 41% en 2016.
La Minnesota Multiphasic Personality Inventory, une des plus anciennes études portant sur l’évaluation des traits de caractère et des psychopathologies chez les jeunes Américains, collecte des données depuis la Grande Dépression. Jean Twenge, professeure en psychologie à l'université de l'université d'État de San Diego, a comparé le taux d’anxiété des étudiants (au lycée et à l’université) vivant dans les années 1930 à celui des étudiants vivant au 21e siècle. Les résultats ont montré que, en 2007, les cas d'étudiants souffrant d'anxiété et de dépression étaient six fois plus fréquents qu'en 1938.
«Aujourd’hui, tout est évalué. Les étudiants subissent des pressions énormes. J’ai vu des collégiens se faire interner parce qu’ils ne savaient pas quel métier choisir. Il faut faire attention aux jeunes qui manifestent une grande anxiété. Ces maux pourraient indiquer les premiers symptômes d'autres maladies mentales comme la bipolarité ou la schizophrénie», relève Marco Grados.