Plus de 3,1 millions d’enfants vivront sous le seuil de pauvreté en 2018-2019 au Royaume-Uni, soit 1 million de plus qu’en 2010 et une hausse de pratiquement 50% en 8 ans. Calculés par l’institut de recherche Landman Economics, ces chiffres concernent uniquement les enfants vivant au sein d’un domicile familial avec des parents actifs.
Au Royaume-Uni, explique le quotidien The Independent, les coupes budgétaires imposées par le gouvernement depuis plusieurs années en matière d’aides sociales -auxquelles d’ajoute le gel des salaires du secteur public- sont directement responsables de la paupérisation de plus de 600 000 enfants. L’étude pointe également du doigt la baisse du pouvoir d’achat et la multiplication des emplois précaires, impactant cette fois près d’un million d’entre eux.
Autre constat: les familles dans lesquelles les deux parents sont fonctionnaires sont celles les plus sévèrement touchées par la baisse du niveau de vie, avec une perte moyenne de 83 livres par semaine par rapport à 2010, contre 53 livres pour les foyers ne comprenant qu’un fonctionnaire.
Idem en France
En France aussi, la situation va en s’aggravant: 1 enfant sur 5 vit désormais sous le seuil de pauvreté - seuil établi à 1700 euros par mois pour une famille avec deux enfants. Soit un total, là aussi, de 3 millions de jeunes.
Sans surprise, au Royaume-Uni comme en France, cette hausse de la pauvreté infantile est synonyme d’un accès aux soins de plus en plus limité. Comme l’expliquait Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé Pierre, à Europe1 fin 2017: «Ça peut avoir des impacts sur la manière de se soigner. On va par exemple tout dépenser dans un pauvre logement pourri parce qu’on se dit "il faut que je le garde, autrement je vais être expulsé, je vais être à la rue"». La baisse du niveau vie affecte également l’alimentation et compromet l’accès à la culture et aux loisirs des enfants.
En Grande-Bretagne, la publication de ces chiffres coïncide avec l’appel du leader du Parti Travailliste, Jeremy Corbyn, à manifester à Hyde Park ce dimanche 12 mai pour défendre les droits des salariés. Frances O’Grady, secrétaire générale du Trades Union Congress (organisation fédératrice des syndicats britanniques) qui participera au rassemblement, fustige quant à elle le «déni» du gouvernement actuel «en ce qui concerne le nombre de de familles actives qui ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois».