Monde

Armes à feu: Trump parvient à indigner deux pays en un seul discours

Temps de lecture : 3 min

Donald Trump s'exprimait le 4 mai devant la NRA, à Dallas. Il n'aura fallu que quelques phrases pour que le président américain s'attire les foudres du Royaume-Uni et de la France.

Donald Trump mime les terroristes du 13-Novembre, le 4 mai 2018 à Dallas | Capture écran via YouTube
Donald Trump mime les terroristes du 13-Novembre, le 4 mai 2018 à Dallas | Capture écran via YouTube

Provoquer la colère de deux pays européens en un seul discours, telle fut l’étrange performance du président Donald Trump devant la NRA, vendredi 4 mai.

La riposte ne s’est pas faite attendre. Des chirurgiens londoniens ont infirmé ses déclarations ridicules quant aux agressions à l’arme blanche. Quant aux dirigeants français, ils ont exprimé tout le dégoût que leur inspirait les gesticulations du président –qui a mimé les terroristes des attentats du 13-Novembre en train de faire feu sur les victimes.

«Couteaux, couteaux, couteaux, couteaux»

Face à l’audience de Dallas, Trump a affirmé qu’un hôpital londonien «autrefois très prestigieux» peinait aujourd’hui à traiter les victimes d’agressions à l’arme blanche, qui seraient de plus en plus nombreuses. «Ils n’ont pas d’armes à feu. Ils ont des couteaux à la place, et il y a du sang partout sur le sol de cet hôpital», a-t-il affirmé. «Ils disent que la situation est aussi affreuse que dans un hôpital de guerre. Couteaux, couteaux, couteaux, couteaux», a-t-il répété, en mimant un poignard qui s’abat. L’incarnation même de la classe et du bon goût.

Il n’a pas nommé l’hôpital en question, mais il s’agissait visiblement d’une référence à une interview diffusée par BBC Radio 4 le mois dernier: le docteur Martin Griffiths, chirurgien traumatologue au Royal London Hospital, expliquait alors que son établissement avait été comparé à une zone de guerre.

«“Nous soignons des enfants en uniformes scolaires pour des coups de couteau ou des blessures par balles.” Un chirugien traumatologue - Martin Griffiths @NHSBartsHealth, raconte que son cabinet ressemble à une zone de guerre #r4today»

«J’ai entendu certains de mes collègues militaires comparer leur pratique dans cet établissement à leurs expériences au camp Bastion, affirme-t-il dans l’interview –qui a ensuite servi de base à un article du Daily Mail. Un quart de nos patients environ souffrent de blessures par balles ou par arme blanche. Nous traitons désormais quotidiennement plusieurs victimes en état critique.»

Griffiths a précisé sa pensée sur Twitter peu après le discours de Trump, expliquant que le Président n’avait pas compris le sens de ses propos –et l’invitant à venir visiter son hôpital.

Karim Brohi, directeur du système londonien de traumatologie et chirurgien traumatologue au Royal London Hospital, a publié un communiqué affirmant qu’il était «ridicule» de laisser entendre que «les armes à feu seraient une solution» au problème des agressions à l’arme blanche: «Les blessures par balles sont au moins deux fois plus mortelles que les blessures par armes blanche, et plus difficiles à soigner.»

«Je serai ravi d'inviter M. Trump dans mon (prestigieux) hôpital pour qu'il rencontre notre maire et notre commissaire de police, afin de discuter de nos succès dans la réduction de la violence à Londres.»

«Boum! Viens là! Boum!»

En abordant les attentats terroristes de 2015 à Paris, Trump a mimé un terroriste en train de faire venir à lui des victimes, avant de les abattre une à une. «Boum! Viens là! Boum!», s’est-il écrié en imitant un pistolet –dans le but de prouver qu’une personne armée aurait pu mettre un terme à l’attentat.

Le ministère français des Affaires étrangères a fort peu goûté les singeries de Trump. «La France exprime sa ferme désapprobation des propos du président Trump au sujet des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, et demande le respect de la mémoire des victimes», a déclaré Agnès von der Mühll, porte-parole du Quai d’Orsay.

François Hollande, président à l’époque des attentats, s’est exprimé sur Twitter, qualifiant les propos d’«honteux» et d’«obscènes».

Son ancien Premier ministre Manuel Valls s’est quant à lui fendu d’un commentaire laconique.

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