Une étude menée par des chercheurs œuvrant aux États-Unis et en Australie montre que la qualité audio influence autant notre capacité à croire ce que nous entendons que le crédit accordé aux gens diffusant telle ou telle information.
Selon Norbert Schwarz, co-auteur de l'article avec Eryn Newman, ces observations pourraient se révéler d'un grand secours à l'ère des fake news et d'une méfiance de plus en plus généralisée du public envers les experts, notamment scientifiques.
«Lorsque les gens ont du mal à traiter une information, elle devient moins crédible», résume Schwarz.
Deux expériences
L'étude comporte deux expériences. Dans la première, les scientifiques ont sélectionné des conférences d'ingénierie et de physique diffusées sur YouTube pour les montrer à 97 participants. Des vidéos dont la qualité sonore sera modifiée et qui seront découpées en segments de deux ou trois minutes.
«Lorsque la vidéo était difficile à entendre, notent Schwarz et Newman, les spectateurs estimaient que le débat était moins intéressant, l'orateur moins intelligent et moins sympathique, et les recherches moins importantes.»
Lors de la deuxième expérience impliquant 99 volontaires différents, les chercheurs ont modifié la qualité sonore de deux entretiens –l'un avec un généticien et l'autre avec un physicien– diffusés sur NPR dans l'émission «Science Friday». Des enregistrements raccourcis en clips de deux à trois minutes.
«Dès que nous avons réduit la qualité audio, les scientifiques et leurs recherches ont subitement perdu de leur crédibilité», précise Newman.
Ce n'est pas la première fois que Schwarz et ses collègues constatent une corrélation entre la difficulté de traitement d'une information et la méfiance qu'elle peut générer auprès des gens censés l'assimiler. Par exemple, en 2017, ils avaient observé que les vendeurs d'eBay aux noms difficiles à prononcer généraient davantage de suspicion auprès de leurs potentiels acheteurs.