Comme ce fut annoncé en novembre dernier, l'Écosse vient de devenir le premier pays du monde à imposer un tarif minimal par unité d'alcool vendue, et ce afin de rendre l'accès aux boissons alcoolisées sensiblement plus difficile pour ses citoyennes et citoyens.
Adoptée en 2012, la loi prévoyait déjà de fixer un prix minimal pour les alcools les plus accessibles. Mais les actions judiciaires menées par les lobbys de l'alcool ont longtemps empêché qu'elle soit réellement appliquée. Après le rejet d'un dernier appel en novembre dernier, la date du 1er mai 2018 avait été fixée pour mettre la mesure en place de façon officielle. Objectif: empêcher que l'achat d'alcool constitue un automatisme, notamment dans les familles les plus pauvres.
Parmi les exemples donnés par le site de la BBC, les 2 litres de cidre brut seront désormais introuvables à moins de 7,50 livres (soit environ 8,53 €), alors qu'on en trouvait généralement à 2,50 livres (2,84 €) jusqu'ici. Le prix des bouteilles de certains alcools forts (vodka, gin, whisky) va augmenter d'au moins 3 livres (3,41 €), tout comme celui des bouteilles de vin premier prix et des packs de bière.
Le gouvernement écossais insiste sur le fait qu'il s'agit d'une mesure de santé publique et non d'une nouvelle taxe infligée aux classes sociales les moins favorisées: la somme supplémentaire versée par les clientes et clients reviendra intégralement aux points de vente. Rien n'entrera dans les caisses du pays.
Dans l'un de ses articles consacrés au sujet, la BBC explique que le calcul du prix minimal de chaque boisson alcoolisée tient compte de son degré d'alcool. Le site donne l'exemple d'une bouteille de 70 centilitres d'une vodka à 37,5% d'alcool. Une simple multiplication du volume par le degré donne le nombre d'unités d'alcool présentes dans la bouteille, soit ici 26,25. Le barême retenu étant d'une demi-livre par unité d'alcool, le prix minimum de cette bouteille de vodka est donc fixé à 13,13 livres, soit environ 14,94 €.
Seuls les supermarchés et les magasins, où sont vendues 75% des boissons alcoolisées, seront affectés par cette loi, les prix pratiqués dans les bars et les restaurants étant d'ores et déjà supérieurs aux tarifs minimaux fixés par les textes.
Sur Twitter, la Première Ministre écossaise Nicola Sturgeon s'est félicitée de la mise en place de la loi. Son message se termine par ces quelques mots: «Cette politique de santé publique va sauver des vies».
Dans un discours rapporté par le site écossais The Drinks Business, Nicola Sturgeon explique notamment que le pays (qui compte 5,3 millions d'habitantes et habitants) comptabilise chaque semaine 22 décès dus à l'alcool et 697 hospitalisations.
En France, le débat sur le sujet vient seulement de s'ouvrir, un collectif de médecins (addictologues, pneumologues, spécialistes de la santé publique) venant de réclamer officiellement que des mesures similaires soient prises dans notre pays. L'exemple écossais pourrait en tout cas ouvrir la voie pour un certain nombres de pays soucieux de lutter contre les nombreux risques liés à l'alcool.