Société / Monde

Passer son adolescence au sein d'une milice d'extrême droite (et réussir à s'en sortir)

Temps de lecture : 2 min

Le quotidien de Daniel Southwell, quand il avait 13 ans, était régi par la paranoïa.

Un membre de la Michigan Militia, en 1995 | Michael Samojeden / AFP
Un membre de la Michigan Militia, en 1995 | Michael Samojeden / AFP

Depuis l’élection de Barak Obama en 2008, puis celle de Donald Trump en 2016, des organisations patriotes d’extrême droite font de nouveau parler d'elles. Pour Vox, Daniel Southwell se remémore son adolescence au sein d'un tel groupe.

Daniel Southwell était membre des Constitution Defenders, une milice constituée d’une douzaine d’adolescents vêtus de tenues militaires –camouflage, tricornes et uniformes datant de la guerre de Sécession.

Chaque dimanche, le groupe se réunissait dans la chambre haute de l’église d’une petite bourgade de l’état du Michigan. «J’avais treize ans et j’avais l’habitude de porter une tenue de chasse en camouflage par dessus un t-shirt imprimé d’un drapeau des Confédérés. Avant chaque séance, j'étais chargé de faire un discours, de désigner des lieutenants et d'enseigner les connaissances tactiques. Après, on sortait nos couteaux Bowie pour s’entraîner au combat», raconte Daniel Southwell.

Les armes ont toujours fait partie de son quotidien: il raconte que son père et lui entretenaient de longues conversations à propos des meilleurs endroits où viser pour tuer un agent du gouvernement lors d'un futur affrontement.

Écosystème nocif

Daniel Southwell a grandi dans un contexte de paranoïa constante: d'après lui, les spectres des Clinton, des services sociaux, de la loi martiale et du contrôle des armes planaient au-dessus de sa tête et de celle de sa famille.

À l'époque du mandat d'Obama, ce sentiment était partagé par beaucoup de membres de milices aux États-Unis: «On a appris à croire que le gouvernement libéral essayait à tout prix de nous enlever nos libertés et nos convictions», explique le garçon.

Dans les années 1990, la Michigan Militia, la plus grande milice américaine, comptait près de 10.000 membres. Elle a inspiré le reste du pays: les ventes d'armes se sont envolées, tout comme celles de la Constitution américaine en livre de poche.

Vox explique que les petites villes américaines sont propices à engendrer des écosystèmes nocifs: «Vous voyez les mêmes personnes tous les jours: à la station-service, au travail, au magasin. Ça contribue à renforcer une hostilité envers le gouvernement, envers les autres ethnicités et les autres religions», renchérit Daniel Southwell.

En grandissant, il a commencé à s'ouvrir au monde extérieur, ses peurs ont disparu et il a fini par laisser derrière lui son passé de jeune homme en colère. Aujourd'hui, il travaille dans le marketing en Pennsylvanie et a deux enfants.

«C'est dur de ne pas grimacer quand je repense à la façon dont je considérais les personnes différentes de moi. C'est plus facile de se dire que ça appartient à une autre vie ou à un autre monde. Je m'efforce de m'éloigner de cette version de moi-même, pour ne pas à avoir à affronter la réalité», conclut-il.

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