Poète, saltimbanque, humain. Trois adjectifs qui nous font immédiatement penser à Jacques Higelin, grand bonhomme respirant la gentillesse et l’amour du public.
Évidemment, son «gold», le titre que tout le monde connaît, c’est «Tombé du ciel», toujours en rotation sur les FM –avec «Comme un avion sans aile» de Charlélie. Mais Higelin, c’est surtout une carrière, belle et riche. J’ai sélectionné cinq disques pour bien comprendre le bonhomme –mais le reste n’est pas mal non plus, hein.
Quand «Tombé du ciel» est arrivé en 1988, Higelin était une immense star, en France et dans l’espace francophone. Hippie dans les années 1960, rocker dans les années 1970, star engagée dans les années 1980, c’est dans les années 2000 qu’il synthétise pleinement l’héritage du fou chantant Charles Trenet et s’attire encore une fois la bénédiction du public et de la critique.
Son allégresse et sa poésie ne nous manqueront pas, tant les disques qu'il nous laisse en héritage en sont emplis.
«Champagne pour tout le monde… Caviar pour les autres» (1979)
Un ami m’a raconté qu’il était à une fête organisée par Jacques Higelin pour le lancement de l'un de ses disques, enregistré au Bataclan en 1979. D’un côté de la salle, il y avait un bar à champagne, de l’autre, uniquement du caviar. Manifestement, il s'agissait d'une belle soirée.
Deux ans avant, Higelin était passé du succès critique (Alertez les bébés!) au succès commercial, avec «Pars». Grâce au double album Champagne pour tout le monde et Caviar pour les autres, il se hisse au rang des stars de l’époque et tourne dans tout l’espace francophone avec son piano ivre et son swing dément.
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«Beau Repaire» (2013)
Coup de Foudre est l’album du grand retour et de la consécration des années 2000. Mais Beau Repaire offre à Higelin deux Casino de Paris plein à craquer ,et un succès critique incroyable. Le duo avec Sandrine Bonnaire, «Duo d’anges heureux», est remarqué… et remarquable.
«Higelin et Areski» (1969)
Difficile de passer à côté. Higelin et Areski Belkacem était copains de régiment –il est ardu d’imaginer ces deux non-conformistes au service militaire. Le disque reste encore aujourd’hui extraordinaire à explorer.
Si le terme «chansons expérimentales» vous fait fuir, tant pis pour vous. Pas besoin d’être une âme torturée pour apprécier ces chansons minimalistes qui ont influencé tant d’artistes.
Par contre, ce n'est pas trop le genre d’album que l'on passe en fond pendant un apéro entre potes. Ça s’écoute. Pas religieusement, mais attentivement. Idéal quand on range l’appartement avant de se coucher, pour se laisser envahir d’une douce folie créatrice.
«Paradis païen» (1998)
Le disque passé sous le manteau à un moment où Higelin était un peu passé de mode. On y croise des pistes d’ambiances expérimentales maîtrisées («Luxe, Calme et Volupté»), avec un côté gainsbourgien inhabituel. Le disque voisine très agréablement avec ceux d’un certain Arthur H de la même époque. À (re)découvrir.
«Higelin à Bercy» (1985)
Pourquoi? Parce qu’il y a tous les titres que vous connaissez. C’est le gros live des années 1980, avec des invités comme Mory Kanté, Youssou N’Dour ou Éric Serra. Higelin est une star, cela se voit, cela s’entend et cela se savoure encore aujourd’hui. Salut l’artiste.