Société / Monde

Au Japon, le taux de criminalité des seniors bat tous les records

Temps de lecture : 2 min

De plus en plus de personnes âgées japonaises sont emprisonnées, souvent pour des délits mineurs. Un phénomène qui touche particulièrement les femmes.

Prison de Tokushima, au Japon. |
Capture d'écran Reuters.
Prison de Tokushima, au Japon. | Capture d'écran Reuters.

Le Japon subit un vieillissement accéléré de sa population: 27,3% des citoyens japonais ont 65 ans ou plus. Si l’espérance de vie continue à augmenter, ce chiffre pourrait bien atteindre les 40% en 2065.

Un vieillissement qui se constate aussi... en prison. Le taux de criminalité chez les seniors bat tous les records: les plaintes et arrestations se multiplient. Un phénomène en constante augmentation, très difficile à endiguer pour les autorités.

Au cœur de cette vague de criminalité, les femmes: 20% des détenues sont des personnes âgées, la plupart du temps incarcérées pour des infractions mineures. Bloomberg a répértorié le genre de profils que l’on peut trouver dans les prisons pour femmes japonaises: «Madame F, 89 ans, récidiviste. A volé du riz, des fraises et des médicaments pour le rhume» ou encore «Madame O, 78 ans, première condamnation. A volé des boissons énergétiques, du café, du thé, une boulette de riz et une mangue.»

La prison comme havre de paix

La société japonaise est en profond changement. Jadis, les familles prenaient soin des personnes âgées. Ce n'est plus le cas: selon une estimation, en 2015, six millions de seniors vivaient seuls –soit six fois plus qu’en 1980. Ce sont les femmes qui se retrouvent souvent dans les situations les plus précaires, souvent après le décès de leur mari. La moitié d’entre elles sont en situation de pauvreté, contre un tiers des hommes.

La prison apparaît pour certaines comme un moyen d’échapper à la pauvreté, voire à la solitude:

«La première fois que je suis allée en prison, j’avais soixante-dix ans. J’ai volé de la nourriture même si j’avais de l’argent dans mon portefeuille. J’ai pensé à ma vie et à la mort de mon mari. Je ne voulais pas retourner chez moi, j’avais nulle part où aller. Demander de l’aide en prison était la seule solution», confie Madame T, 80 ans.

Une autre détenue témoigne: «Mon mari est décédé l’année dernière. Nous n’avons pas eu d’enfants, je me suis donc retrouvée toute seule. Je suis allée au supermarché pour acheter des légumes et j’ai vu une barquette de viande de boeuf. Je savais que c’était trop cher pour moi. Je l’ai volée.»

Des auxiliaires de vies venus rejoindre les rangs des gardiens de prison...

Le gouvernement n'était pas préparé à faire face à ces criminels du troisième âge. Aucun programme de réhabilitation n'est adapté pour les seniors. D'autre part, les prisons ont dû changer drastiquement pour accomoder ces nouveaux détenus. En 2016, les soins consacrés aux pensionnaires âgés ont dépassé les cinquante millions de dollars, soit une augmentation de 80% par rapport à la décennie précédente.

La journée, des auxiliaires de vies sont venus rejoindre les rangs des gardiens de prison. Ils aident pour la toilette et les soins des détenus. Par contre, la nuit, c'est aux surveillants de se charger de ces tâches. Dans ces prisons, les rôles se confondent. En conséquence, le nombre de démissions augmente.

«Maintenant je dois m’occuper des fuites urinaires des détenues. Souvent, elles ont honte et essaient de cacher leurs sous-vêtements», relate Satomi Kezuka, une gardienne vétérante à la prison pour femmes de Tochigi...

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