Dès la fin de la seconde Guerre mondiale, la question de la décolonisation gagne les Comores, quatre îles (Mayotte, Anjouan, Moheli, Grand Comore) situées dans l’océan Indien à l’ouest de Madagascar. Alors territoire d’outre-mer, l’archipel vote l’indépendance en 1974 mais avec une distinction de taille: si Anjouan, Moheli et Grand Comore choisissent cette voie à 95%, Mayotte opte pour rester attachée à la France (65%). En violation du droit international, la France prend en compte le vote île par île et fracture l’unité territoriale, culturelle et historique des Comores. Depuis, «la France a été condamnée à plus de vingt reprises par les Nations Unies pour sa stratégie vis-à-vis de #Mayotte».
Le péché originel et la révolte
Si la France a choisi de conserver cette petite île près du canal du Mozambique, ce n’est pas par hasard. Ce canal voit transiter de nombreux pétroliers acheminant le pétrole du Moyen-Orient vers l’Europe, c’est un point stratégique. Cela n'a pas échappé à certains twittos: «si la France a tenu à rester présente à l’est de Madagascar (la Réunion) et à son ouest (Mayotte) ce n’est pas sans raison. Allez demander aux astrophysiciens d’Ariane, aux militaires, aux entreprises et aux transporteurs si géostratégiquement #Mayotte est inutile».
De cet émiettement est née progressivement une situation explosive. Les conditions de vie des Mahorais, précaires à bien des égards pour les standards européens, demeurent nettement supérieures à celles des îles alentour et provoquent des flux migratoires massifs et incontrôlables. La départementalisation en 2011, si elle a permis d’aplanir les législations concurrentes qui régnaient dans l’île (loi du Cadi, représentant musulman et lois de la République), a agrandi la fracture. Elle est considérée comme une erreur par beaucoup: «la départementalisation de #Mayotte fut un mauvais coup pour la France. L’abandonner à la submersion migratoire est un crime d’état».
L’État français se voit aujourd'hui violemment reprocher à la fois d'avoir abandonné Mayotte à son sort, de ne pas être capable d'assurer la sécurité de ses habitants et un minimum de services publics et de ne pas avoir développé son économie. Depuis plusieurs semaines, les Mahorais se sont révoltés. Ils manifestent et appellent la métropole au secours tout en dénonçant la faillite des gestionnaires locaux: «à #Mayotte, la population dénonce la trahison des élus en les expulsant du Conseil Général!».
Il faut ajouter à cette situation, les graves soupçons de fraude lors des dernières élections législatives. «Il faut quand même rappeler qu’à #Mayotte, la députée sortante LREM est mise en examen pour complicité de fraude électorale et elle sera encore candidate le 18 mars sans que cela ne dérange les médias. Qui parlait de moralisation de la vie publique?».
Délinquance, violence, immigration clandestine massive et misère
«REPORTAGE France 2: Délinquance, immigration clandestine, écoles et hôpitaux saturés… Le 101e département français étouffe. Il est au bord de l’implosion. #Mayotte #Marche7Mars». Aux problèmes économiques structurels de l’île est venue s'ajouter une immigration massive, principalement comorienne, qui a submergé des infrastructures fragiles. En résumé, «Mayotte c’est: autant de délinquance que dans le 93, plus d’immigrés qu’à Calais, autant de policiers que dans le 45. La population est noire, musulmane, mais surtout française et totalement délaissée».
Les chiffres permettent de saisir l’ampleur des difficultés et leur gravité: «démographie, immigration, délinquance, les chiffres-clés pour comprendre la crise à Mayotte- outre-mer 1ere». La moitié de la population a moins de 17 ans (39 en métropole). Le taux de chômage est de 27% (47% chez les femmes et les jeunes) contre une moyenne hexagonale de 9,7%. Pas moins de 84% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Dans ce département français, fleurissent les bidonvilles. «Des cabanes en tôle à perte de vue. Pas d’électricité. Pas d’eau courante. Une mortalité infantile quatre fois plus élevée que la moyenne. Des agressions quotidiennes. Des enfants livrés à eux-mêmes. Ça se passe à Mayotte. Ça se passe en France».
En vingt ans, la population mahoraise a quasiment doublé (de 131 000 habitants en 1997 à 256 500 aujourd’hui) du fait de l’immigration clandestine en provenance des autres îles de l’archipel, dont celle de très nombreuses femmes enceintes qui viennent accoucher dans l’île française. «À #Mayotte, première maternité de France, 70% des femmes qui accouchent sont #clandestines. Une aide-soignante reconnaît que c’est le #DroitDuSol qui les attire: «même si le père et la mère n’ont pas de papiers français, comme l’enfant est né à Mayotte, un jour il sera français»». Ainsi à Mayotte 42% des habitants sont nés dans les autres îles de l’archipel.
Que faire du droit du sol?
Le droit du sol, un des piliers de la République, est à l'origine en grande partie de l'effondrement de l'île. Pour Laurent Wauquiez, «#Mayotte est submergée par une immigration telle qu’on ne peut pas arriver à l’intégrer. Dans aucun département français, on n’accepterait ce qui se passe ici. Nous sommes dans le détournement de la générosité de la France». Certains Twittos y restent attachés: «#Wauquiez de retour de #Mayotte veut changer pour ce seul département français les règles d’acquisition de la nationalité française. On lui dit que c’est anticonstitutionnel? «La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale» article 2 de la Constitution» .
Dans l’opposition, on n'hésite pas à rapprocher la situation de l'île de celle de la métropole. «#Mayotte. Le gouvernement reconnaît que devant l’explosion de l’immigration, le statut de la maternité de l’île est à revoir. Mais l’immigration explosant partout en France, il est temps d’une réforme générale de l’accès à la nationalité, pas seulement dans une maternité».
Et corollaire de cette situation, la violence est omniprésente. En 2015, les cambriolages sur l’île sont trois fois supérieurs à la moyenne hexagonale, idem pour les vols violents (3,3 pour 1000 à Mayotte contre 1,5 en métropole) et les coups et blessures volontaires (4,1 contre 1,9). «#Mayotte Pascal Perri, ancien rédacteur en chef de RFO Mayotte: «les clandestins comoriens s’en prennent à la population locale, ils volent, ils agressent et ça va se terminer à coups de machette». «#Mayotte est vent debout contre l’immigration massive et incontrôlée venant des Comores. Certains disent qu’ils ne sentent plus chez eux. Mais la gauche ne les traite pas de xénophobes. Sans doute parce que les Mahorais sont musulmans à 95% ».
Impuissance publique, guérilla urbaine et milices
Après trois semaines de blocages et d'affrontements, le gouvernement tente de calmer les esprits et de reprendre la situation en main. Mais Mayotte c'est loin et la situation quasi- inextricable faute depuis longtemps de courage et de lucidité en métropole. Ni Édouard Philippe, ni Gérard Collomb n’ont débarqué à Mamoudzou, la capitale de Mayotte. «Quand à Mayotte il faut un ministre de l’intérieur ou même le premier Ministre, on envoie la Ministre des Outre-Mer qui n’a aucune connaissance sur l’immigration et la délinquance, les Mahorais sont en colère fort justement car ils se sentent ridiculisés par la représentation d’état».
«Les premières annonces en matière de sécurité et de lutte contre l’immigration illégale #Mayotte» par la ministre des Outre-Mer Annick Girardin n'ont pas vraiment convaincu. Quelques gendarmes supplémentaires et la mise à disposition d’un navire patrouilleur semblent dérisoires. «#Mayotte: alors qu’une dizaine de bateaux de migrants débarque chaque jour et que la délinquance a augmenté de 30% entre 2012 et 2016, le gouvernement ne propose que l’arrivée au compte-gouttes d’une vingtaine de gendarmes et d’une dizaine de policiers».
L’autre piste de réflexion proposée par «le gouvernement pourrait être de créer un statut d’extraterritorialité pour la maternité afin de contourner le droit du sol». Autant dire une gageure juridique même si Mayotte a bénéficié d’un traitement spécifique jusqu’en 1994, le droit du sol y était alors inapplicable. Mais il ne s'agissait pas d'un département.
Pour l’heure, le gouvernement n’est pas parvenu à calmer les manifestants et la colère. «Sortie de crise à #Mayotte? La ministre a quitté l’île sur une nuit de guérilla urbaine, de constitution de milices d’auto-défense et ce matin de barrages renforcés par la population qui ne croit plus ni dans les annonces ni dans ses représentants. Dangereux pour Mayotte». La France est-elle encore capable de gérer les confettis de son ex-empire colonial? A Mayotte, cette question n'a pas de réponse.