L'empathie serait-elle un sentiment inné? Une étude menée par Renée Baillargeon, docteure en psychologie à l'Université de Chicago, vient de montrer que les bébés portent déjà des jugements moraux sur les adultes dès l'âge de 4 mois. De quoi vous dissuader de faire quoi que ce soit de condamnable en leur présence sous prétexte qu'ils sont trop petits pour comprendre.
Pour parvenir à cette conclusion, l'équipe de recherche a projeté des vidéos à un échantillon de nourrissons âgés de 4 à 12 mois. Et tant pis pour la fameuse recommandation "pas d'écran avant trois ans". Deux des vidéos, décrites par NewScientist, commençaient par la même scène : on y voyait une mère plier du linge (oui, bon), une poussette en arrière-plan.
La suite, façon Smoking / No Smoking, observait deux réactions diamétralement opposées de cette mère face à la crise de larmes de l'enfant se trouvant dans la poussette: dans l'une, elle venait le bercer, tandis que dans l'autre, elle poursuivait sa tâche l'air de rien.
They see her foldin', they hatin'
Il s'avère que les sujets de l'expérience ont fixé de façon bien plus insistante la vidéo dans laquelle la mère ne réagit pas aux pleurs de son bébé, ce qui semble démontrer, sur la fois d'études antérieures, que ce comportement les a dérangés.
D'autres versions de la vidéo de base leur ont également été projetées, avec cette fois d'autres sons que des bruits de bébé provenant de la poussette. Cette fois, l'équipe de la docteure Baillargeon a pu constater que la réaction de la mère provoquait une forme d'indifférence quelle qu'elle soit.
Dans une autre expérience, les tout jeunes cobayes avaient le choix, grâce à un écran tactile, entre revoir la scène où la mère berce la poussette et celle où elle ignore les pleurs. C'est la seconde qui a été choisie dans plus de deux tiers des cas, suggérant que l'absence de réaction de la mère les interpelait beaucoup plus.
D'après Renée Baillargeon, les bébés se soucieraient très tôt du confort des autres. En outre, elle affirme (sans toutefois l'avoir vérifié) que les résultats auraient été voisins si le personnage central des vidéos avait été un homme. «Je crois que les nourrissons s'attendent à ce que n'importe quelle personne adulte se trouvant aux côtés d'un bébé en pleurs vienne essayer de le consoler».