Le groupe nucléaire français Areva, principal fournisseur d'uranium pour les centrales nucléaires d'EDF, a décidé de suspendre ses livraisons de combustible nucléaire destinées au groupe d'électricité, en raison d'un désaccord sur le recyclage des déchets, a annoncé un porte-parole d'EDF lundi 18 janvier.
«EDF et Areva avaient signé un accord transitoire couvrant l'année 2009 pour sécuriser les opérations industrielles. Areva n'a pas souhaité prolonger en 2010 les dispositions transitoires qui prévalaient en 2009 et a interrompu la semaine dernière l'évacuation des combustibles usés ainsi que les opérations d'approvisionnement», a déclaré le porte-parole d'EDF à l'AFP.
Selon EDF, Areva fournit 68% des besoins d'EDF dans l'amont du cycle nucléaire (qui comprend notamment la fourniture d'uranium). «Les deux groupes s'opposent sur les modalités de recyclage des déchets nucléaires d'EDF issues des 58 réacteurs que le groupe exploite en France», écrit l'AFP. L'énergie nucléaire représente environ 75% de l'électricité produite en France.
Cette nouvelle querelle au sein de la famille du nucléaire français intervient après l'échec retentissant d'Abu Dhabi.
Fin décembre, le centre de gravité du nucléaire civil mondial s'était ostensiblement déplacé vers l'Orient, quand le consortium sud-coréen mené par Kepco (Korean Electric Power Corp) a emporté la première tranche du programme civil nucléaire d'Abu Dhabi, damant le pion au consortium français pourtant composé de la fine fleur des entreprises concernées avec EDF, GDF-Suez, Total, Areva, Vinci et Alstom.
Ce contrat, d'une vingtaine de milliards de dollars, porte sur la conception, la construction et l'assistance au fonctionnement de quatre centrales nucléaires civiles de 1.400 mégawatts chacune. Un second contrat portant sur l'exploitation des quatre centrales nucléaires - y compris le retraitement, deuxième tranche du programme d'une valeur elle aussi d'environ 20 milliards de dollars, reste à attribuer.
D'après l'Express, ce revers a «jeté un doute sur la stratégie d'Anne Lauvergeon [la patronne d'Areva], consistant à se positionner sur le haut de gamme», et pourrait profiter à Henri Proglio, nouveau patron d'EDF, qui veut prendre la place de leader officiel du nucléaire français occupée par Lauvergeon.
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Image de Une: La centrale de Golfech, REUTERS/Regis Duvignau