Une belle photo de famille, entre 1.500 et 2.000 personnes, une réunion de trois heures... Pour leur premier meeting de campagne en vue des élections régionales, samedi, à Montreuil, les leaders d'Europe Ecologie (22 têtes de liste, 14 eurodéputés élus en juin, dont Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, José Bové) ont martelé leurs ambitions: «Passer devant le PS et prendre le leadership, résume Jean-Louis Roumégas, tête de liste verte en Languedoc-Roussillon dans le JDD. On sait qu'on peut le faire dans plusieurs régions, en Ile-de-France, en Rhône-Alpes, en Alsace.» On va les bouffer, entend-on dans les travées.
Les chefs de files seront plus prudents. Plus «réaliste», juge Stéphane Alliès sur Mediapart (article payant). «Il n'est pas interdit de rêver, dit le leader vert à la tribune, mais il faut avoir les pieds sur terre. Si en Île-de-France on termine à 18-19% et que le PS en fait 21-22%, on ne va quand même pas dire qu'on a perdu!» On n'est «pas une grenouille qui se prend pour un boeuf» (José Bové); «Nous ne vendons pas la peau de l'ours, d'abord parce que nous ne tuons pas les ours!» (Dominique Voynet).
Il faut dire que les derniers sondages, un national CSA pour le Parisien (UMP: 33%, +2; PS: 22%, +2 EE: 15% -2) et un en Ile-de-France Ifop pour Valeurs actuelles (Pécresse 32%, Huchon 24%, Duflot 17%) montrent que ce leadership est pour l'instant hors d'atteinte. Sur le côté de la scène, raconte le journaliste de Mediapart, Dany le vert confie à la presse que ces chiffres du sondage du jour, lui conviennent pourtant tout à fait. C'est un «minimum syndical» qui permet à EE de s'imposer de manière définitive «comme la troisième force politique au niveau national».
Ces sondages montrent certes un tassement, mais ils confirment nationalement le score des Européennes (16,28%). «Si on réussit nos scores espérés, poursuit Cohn-Bendit, ce sera la fin de l'hégémonie socialiste à gauche, et le début d'un véritable partenariat de gestion. On ne peut plus gouverner les régions comme Sarkozy gouverne la France, il est fini le temps des barons et des baronnesses.» «Nous ne voulons plus jouer les seconds rôles, les forces d'appoint, les camarades compréhensifs qu'on câline dans l'entre deux tours pour les négliger voire les humilier pendant tout le reste du mandat», a expliqué Dominique Voynet, sénatrice-maire de Montreuil et ancienne ministre de Lionel Jospin, qui n'avait obtenu qu'un maigre 1,57% des voix à la présidentielle de 2007.