En 1991, Antioch College, une petite université de l'Ohio, a mis en place un règlement de prévention des agressions sexuelles, qui redéfinissait la notion de consentement de façon radicale: chaque partenaire devait verbalement exprimer son accord pour chaque caresse et étape d'un rapport sexuel; le silence ou le langage corporel ne suffisaient pas à certifier le consentement.
À l'époque, ce code de conduite dit de «consentement affirmatif» avait été ridiculisé, et le campus était devenu célèbre après un sketch moqueur de «Saturday Night Live». Vingt-cinq ans plus tard, la plupart des facs américaines ont adopté des règles de consentement affirmatif similaires, et les élèves accusés de ne pas les respecter sont passibles d'expulsion.
Extension à tout contact corporel
Mais à Antioch, les étudiants continuent de repousser les limites de la notion de consentement. Une journaliste du New York Times s'est rendue sur ce campus unique, qui n'accueille actuellement que 135 étudiants, et a discuté avec des jeunes qui pensent qu'il faut étendre ces règles à tout contact corporel.
Même si le code de conduite ne le précise pas, dans les faits, les étudiants d'Antioch ne se touchent pas –que ce soit une tape sur l'épaule ou une embrassade pour se dire bonjour–sans demander avant.
La journaliste Katherine Rosman a interviewé une jeune fille qui raconte que lors d'un stage dans une organisation allemande, elle a été étonnée que des collègues la touchent sur l'épaule: «À Antioch, ils auraient demandé la permission», explique-t-elle.
Une autre étudiante parle de sa surprise lorsque sa mère l'a embrassée à son retour: «Si tu ne veux pas que ta mère t'embrasse, tu devrais pouvoir dire non. C'est une question d'autonomie de ton corps». Un étudiant de 19 ans explique quant à lui qu'il faudrait créer des règles de «prévention des contacts non-consensuels»: selon lui, il est important d'apprendre aux gens à ne pas se toucher du tout sans accord verbal préalable.
Des invités sommés de respecter le règlement
La journaliste du New York Times raconte qu'avant de faire ses interviews sur le campus, elle a dû signer une déclaration pour garantir qu'elle respectait le règlement d'Antioch sur le consentement affirmatif.
Lorsque la fac a organisé un concert, les personnes venues de l'extérieur étaient aussi sommées de signer ce document.
Parallèlement à cette rigidité, la fac se veut très à la pointe en termes de sexualité. Les étudiants ont récemment organisé un «mois du sexe», avec diffusion de films de «porno éthique» et atelier sur le BDSM et les sex toys.