Les photos d'Oussama ben Laden, toujours les mêmes, sont désormais bien connues. Une des plus diffusées — celle qui figure sur son avis de recherche — avec son turban blanc et sa barbe, date de 1998. Douze ans, c'est largement suffisant pour prendre un coup de vieux, surtout si ses actuelles conditions de vie sont celles d'un fugitif dans les zones tribales entre le Pakistan et l'Afghanistan. Douze années, c'est un coup de vieux suffisant pour ne pas être reconnu des agents qui cherchent le leader d'al-Qaida, suspecté d'avoir joué un rôle — au moins indirect — dans la plupart des attentats de la décennie passée.
Les autorités américaines ont donc choisi de «vieillir» Ben Laden, en ajoutant douze ans à sa photo et rafraichissant le look du chef terroriste, grisonnant ses cheveux, rasant la barbe sur l'une de ces nouvelles images. Jusqu'ici, finalement, rien d'anormal. Ce genre de procédé existe d'ailleurs pour la plupart des personnes disparus, notamment pour les enfants, que l'on «vieillit».
Pour réaliser ce portrait, le technicien des services de renseignements a utilisé un logiciel mais le rendu de la texture des cheveux ne l'a pas satisfait. Et c'est à ce moment que ce travail somme toute banal se transforme en affaire d'Etat. Car comme Monsieur tout le monde, le technicien américain va puiser sur Google Images la photo capillaire la plus juste. A priori, cette technique ne fait pas partie des procédures de l'administration américaine. Mais tant qu'à copier coller le quidam, le technicien va également utiliser le front. Cheveux et front qui s'avèrent être ceux d'un homme politique espagnol connu, Gaspar Llamazares, d'Izquierda Unida, un parti situé à la gauche de l'échiquier politique.
Comme souvent dans ce genre d'histoire découverte par El Mundo, c'est la loi de Murphy qui s'applique: la photo est publiée sur «Rewards for justice» consacré aux personnes recherchées par la justice américaine. Avant d'être supprimée.
Colère de l'homme politique espagnol: «La sécurité de Ben Laden ne craint rien mais la mienne si!», a déclaré Llamazares, avant d'indiquer qu'il se réservait la possibilité d'engager une procédure en justice contre les Etats-Unis.