Ce mercredi, l'Égypte a ouvert sa frontière avec Gaza, soumise à un blocus israélo-égyptien depuis la victoire du Hamas en 2007. Le point de passage de Rafah, dont l'ouverture se fait au compte-gouttes (42 jours en 2016, 36 en 2017) devrait être ouvert quatre jours, pour des raisons humanitaires.
Des milliers de Palestiniens se sont rassemblés dans un stade, attendant que leur nom soit appelé sur les listes pour traverser la frontière dans des bus.
Attente interminable
Près de 30.000 Gazaouis sont inscrits auprès des autorités locales sur une liste d'attente: parmi eux, des blessés, des malades, des étudiants ou des familles séparées.
Khalil Qeshta essaye de faire traverser son fils, qui souffre depuis des mois d'une pathologie de l'estomac qui lui fait vomir du sang:
«Je vais aller en Égypte à mes frais. Mon fils a cinq ans et il est malade depuis plus de deux ans. Nous avons tout essayé à Gaza, mais il n'y a pas de traitement. C'est la troisième fois que j'essaye de partir. J'espère être l'un des chanceux aujourd'hui», a-t-il déclaré au Guardian.
Des jeunes ayant obtenu une bourse pour étudier à l'étranger attendent également leur tour, alors que les cours ont déjà commencé sans eux de l'autre côté de la frontière.
Siham al-Zaq, qui vivait en Algérie, est venue à Gaza il y a près d'un an pour rendre visite à sa mère malade; elle n'a pas pu repartir.
«À chaque fois que l'Égypte a ouvert le passage, j'ai vécu dans l'espoir que je reviendrais avec mes enfants retrouver mon mari... Mais à chaque fois la tentative a échoué. [...] Je ne m'intéresse pas à la politique, et je m'en fiche. Ce que je veux, c'est partir», raconte-t-elle, alors que son nom n'a pas été appelé, une fois de plus.
Goulet d'étranglement
Avec le poste-frontière d'Erez qui permet le passage vers Israël, celui de Rafah, vers l'Égypte, est la principale porte de sortie de la bande de Gaza, où deux millions d'habitants demeurent, sans échappatoire possible.
Avec un taux de chômage de 44% (58% chez les jeunes), des commerces qui ferment les uns après les autres faute de clients et un volume de chèques en bois qui a atteint près de vingt-quatre millions d'euros comme le rapportait l'analyste Omar Shaban au Monde, le territoire fait face à une crise humanitaire qui n'en finit pas.
Un peu plus tôt ce mois-ci, Le Caire recevait une délégation du Hamas afin de poursuivre des pourparlers engagés en novembre.