À Doral (Floride), près du bureau du sénateur Marco Rubio, passants et passantes ont eu la surprise de constater que trois panneaux venaient d'être installés sur trois camions garés côte à côte. Panneau numéro 1: «Slaughtered in school» («Abattus à l'école»). Panneau numéro 2: «And still no gun control?» («Et toujours pas de contrôle des armes?»). Panneau numéro 3: «How come, Marco Rubio?» («Pourquoi, Marco Rubio?»). Le tout en police Impact, couleur noire, sur fond rouge.
La ressemblance avec les fameux panneaux au centre du film 3 Billboards : les panneaux de la vengeance n'a évidemment rien d'une coïncidence. Dans le film de Martin McDonagh, l'héroïne interprétée par Frances McDormand faisait afficher les trois messages suivants à l'entrée de la petite ville d'Ebbing (Missouri) pour protester contre l'immobilisme des autorités locales suite au meurtre et au viol de sa fille de 17 ans. Les panneaux disaient ceci: «Raped while dying» (violée pendant son agonie), «And still no arrests» (et toujours pas d'arrestations), «How come, chief Willoughby?» (pourquoi, chef Willoughby?).
Dans 3 Billboards, les réactions ne se faisaient pas attendre, la police locale n'appréciant pas du tout d'être ainsi stigmatisée pour son manque de résultats, et la population d'Ebbing ne voyant pas forcément d'un bon oeil les méthodes de cette femme. Le collectif Avaaz, à l'origine de l'opération inspirée du film, espère sans doute faire réagir le sénateur Rubio ainsi que ses proches.
Capture d'écran Youtube
Propos épinglés
CNN rappelle que si le politicien est visé par cette campagne percutante, c'est notamment pour les propos qu'il a tenus jeudi, peu après la tuerie de Parkland, au cours de laquelle un jeune terroriste a abattu 17 personnes, camarades et membres du corps enseignant. Selon Rubio, un renforcement des lois sur les armes à feu n'aurait pas empêché un tel massacre. En octobre, peu après la tuerie de Las Vegas, le New York Times rappelait que la NRA (National Rifle Association) avait généreusement financé les activités politiques de Rubio à hauteur de 3,3 millions de dollars.
L'équipe du sénateur Rubio n'a pas souhaité commenter cette campagne militante destinée à pointer du doigt la responsabilité du pouvoir politique et la collusion entre le lobby des armes et certains de ses membres. «En Floride, la politique concernant l'achat et la possession d'armes à feu est particulièrement souple, et Marco Rubio n'a jamais rien fait pour la réformer», insiste Emma Ruby-Sachs, membre des instances dirigeantes d'Avaaz. «Aujourd'hui, les citoyens et citoyennes s'interrogent: pourquoi Rubio refuse-t-il de protéger nos enfants? Le sénateur a qualifié la tuerie d'inexplicable. Le mot qui nous vient est plutôt "inexcusable"».
Aperçue également du côté de Miami, la campagne pourrait bien faire le tour de la Floride et obliger Marco Rubio à rendre des comptes.