Contenu Partenaire - Après les trombes d’eau et les crues, voici donc la France confrontée à un épisode neigeux comme s’en amuse le dessinateur Chaunu: «à retrouver dans @OuestFrance: #crue2018 #vaguedefroid #neige #dessin». Mais derrière les lieux communs comme «#météo, toute cette neige en hiver ça fait froid dans le dos», se cachent des dysfonctionnements et des comportements qui prêtent autant à rire qu’à pleurer.
De la neige jusque sur les pieds des journalistes…
«Une perturbation remontant de Méditerranée se heurtera à de l’air froid descendant de #Scandinavie. Ce conflit de masse d’air entrainera des chutes de #neige sur #Paris et sa région». Météo France avait vu juste. La neige est tombée en abondance les 5 et 6 février et a désorganisé une partie de la France, avec «quarante-cinq départements classés en vigilance orange #neige et verglas». Tours, Chartre, Orléans, l'Île de France, l’Ariège, la Loire ou les Ardennes..., une grande partie nord et est du pays a subi les assauts de l’hiver. Cela n’a pas échappé aux médias qui se sont mobilisés comme si la tempête du siècle s’abattait sur le pays. De quoi émouvoir les twittos, «quand on voit le temps consacré à #ParisSousLaNeige dans les journaux télé on comprend ce qu’est le journalisme centralisé».
La cristallisation médiatique est une réalité. Il faut dire aussi qu’en Île de France, la neige a montré très vite les limites du système de transport de la région la plus densément peuplée du pays. «Le record historique de bouchons en Île de France est battu avec 707 kilomètres de ralentissements cumulés à 18h55 #météo». Et cela en dépit du fait que «rappel important, la circulation des PL de plus de 7,5T soit interdite par arrêté préfectoral jusqu’à 12h le 8/02 sur les axes routiers du 91. Le respect de cet arrêté est impératif, les forces de l’ordre sont chargées d’intercepter immédiatement les contrevenants #météo91 #neige». Le chaos s'est pourtant répandu sur les routes et ailleurs…
Quelques heures de paralysie
Ceux qui avaient anticipé et laissé leur voiture au garage, ne s’en sont pas forcément portés mieux: «la RATP annonce l’interruption de la circulation des bus en banlieue parisienne. Certains bus dans Paris intra-muros ne circulent plus également selon Le Parisien #neige». Quant aux trains, «la neige perturbe la circulation ferroviaire, la SNCF ralentit ses TGV», idem pour les RER et les TER comme ici: «aucun train ne roule au départ de la gare de Creil vers Paris. Circulation coupée pour le moment #neige @francebleuParis @SNCF @picardie_ter @RERD_SNCF».
Pour compléter le tableau, les services d’urgence ont été vite débordés, «#neige les pompiers de Paris ont réalisé plus de quatre cents interventions» et au-delà des naufragés de la route et des glissades de piétons et de deux-roues, la situation des sans domicile fixe est devenue préoccupante. «Mille places d’hébergement supplémentaires ouvertes dès cette semaine pour les sans-abri». Comment une société moderne peut-elle être aussi fragile?
«Il y a des matins où quand tu te réveilles tu es très content de ne plus être Ministre des Transports #neige». Et le Républicain Thierry Mariani (Ministre des transports de 2010 à 2012 dans le gouvernement Fillon) de désigner immédiatement ceux vers qui tous les regards se sont tournés, nous sommes en France, les services de l’État. Pour certains membres de l’opposition, le coupable est désigné: «#neige l’État n’était pas prêt».
La paralysie en quelques heures à peine de toutes les voies de communication (routières, ferroviaires, aériennes) tient, au moins pour partie, aux erreurs de prévisions et de planification et aux manques de coordination des différents services régionaux et de l’Etat (mobilisation des matériels, déneigement, informations à la population, salage des routes, prise en charge des naufragés, plans d’urgence dans les services publics…). Exemple, les problèmes rencontrés dans les hôpitaux: «Jennifer #infirmière à Aulnay-sous-Bois: quand il #neige à #Paris c’est aussi le bordel dans les hôpitaux car les collègues bloquées par manque de transport sont absentes. Donc on reste sur place en attendant une relève qui n’arrivera pas. Elle pense à quoi @agnesbuzyn?». Même constat à la SNCF: «trafic perturbé en Île de France: «les conducteurs de train, à leur prise de service ce matin, ont eu beaucoup de difficultés à arriver jusqu’à leur lieu de travail» explique Guillaume Pepy, le président de la SNCF #ParisSousLaNeige #RATP #neige #snow».
Dans le même temps, nombre de twittos louent le travail de fonctionnaires qui se sont dévoués et ont tenté de faire face au désordre: «ce soir vous serez sur le pont. Vous salerez les routes, vous interviendrez pour rétablir le réseau électrique, vous serez dehors quand ceux qui vous dénigrent à longueur de journée seront au chaud. Merci aux agents du service public #neige».
Sans les moyens, l’organisation ne sert pas à grand chose
La raison principale de ces cafouillages en série tient peut-être plus à l’inexpérience et à l’absence de moyens et de matériels qu’à l’impréparation. Pour la géographe Magali Reghezza-Zitt, «le problème aujourd’hui est que nous avons de moins en moins de #neige en Île de France donc nous nous sommes déshabitués à ces épisodes de neige. Cette adaptation pose la question des moyens que l’on va mettre #transport #cdanslair».
Si de nombreux twittos comparent la gestion calamiteuse de la France à celles du Canada ou de la Scandinavie («drôle de pays quand même: ça fait deux jours que l’on annonce qu’il va neiger et faire froid. Il est tombé maximum cinq centimètres de neige sur le périphérique et l’A86 et Paris est bouché. Ils doivent se foutre de notre gueule au Canada, en Finlande, en Lituanie»), comparaison n’est pas raison. «Bon en vérité ils sont meilleurs que nous au Canada, en Autriche... Parce qu’ils ont chaque année des tonnes de neige. Donc ils ont investi dans le matériel adéquat. Nous on n’a pas d’argent à dépenser en matériel lourd et coûteux pour cinq jours de galère tous les trois ans».
La querelle sur les fameux services publics à la française, indispensables pour les uns et trop coûteux et inefficaces pour les autres, resurgit immédiatement. «Le 2 février, le gouvernement annonce vouloir supprimer 120 000 postes de fonctionnaires. Le 6 février une partie de la France est immobilisée par quelques centimètres de #neige. On entend où sont les pompiers pour nous secourir? Que font les agents d’entretien des routes? #cohérence». D’autres twittos voient dans le chaos, la marque de l’inefficaciét des mêmes services public: «je vois des tweets qui expliquent que pour lutter contre quelques jours de neige, il aurait fallu plus de fonctionnaires. Vive l’Union Soviétique».
Mais la paralysie n’a pas fait que des malheureux. Avec l’augmentation des besoins, les chauffeurs Uber ont vu leurs tarifs fortement augmenter. La loi de l’offre et de la demande a parfois du bon: «#Neige le prix des courses Uber multiplié par trois d’après les utilisateurs. La plateforme justifie l’augmentation des tarifs par «une très forte demande» via Le Parisien».
De nombreux Parisiens (pas les Franciliens) se sont eux réjouis de la beauté et du caractère irréel du spectacle offert: «tout est blanc, et la neige continue toujours de tomber, on dirait vraiment un décor de film dehors. C’est si beau, je suis émerveillée, telle une enfant». Certains ont même été jusqu’à chausser les skis dans le 18e arrondissement, «ski à Paris: la piste noire de Montmartre est ouverte».
Des comportements irresponsables
Reste à savoir si les 700 kilomètres de bouchons et la paralysie ne sont pas aussi la conséquence de la désinvolture ou tout simplement de la stupidité de ceux qui n’ont pas pris les précautions élémentaires pour circuler dans des conditions hivernales et viennent se plaindre ensuite.
«#Neige «on sait que les Français ont du mal à gérer et apprécier les risques. Aujourd’hui, il y a un grand débat sur les responsabilités de l’État. Il faudrait un débat sur les responsabilités personnelles de ceux qui ont pris leur voiture en dépit des risques» @pascalperri». Les médias ont largement relayé les communiqués de Météo France annonçant des chutes de neige importantes, pourtant le nombre de véhicules non équipés, voitures comme camions, sur les routes en Île de France mercredi matin tendrait à prouver qu’ils n’ont pas été écoutés. Comme en témoigne le twittos Tristan Sarrat: «amis automobilistes, je viens de faire l’axe #LilleParis par l’autoroute #A1. Cela aurait été quasi impossible sans pneus #neige! Renoncez à prendre la route sans cet équipement, c’est impraticable».
Bon sens donc que de s’équiper en fonction des conditions météorologiques. Comme le résume Fabrice Balique lapidairement: «#Intempéries les automobilistes sachant qu’il va y avoir des chutes de neige sortent sans pneus #neige ni chaînes et se plaignent d’être bloqués en maudissant l’État. Mais l’état ne peut rien contre la bêtise humaine».
Faut-il légiférer (encore) sur l’obligation d’équipement hivernal des véhicules quand les conditions l’exigent? Tant que les pouvoirs publics n’imposent pas des règles sur les routes (limitations de vitesse, port de la ceinture, usage du téléphone, interdiction de fumer dans un habitacle occupé par des enfants…), quitte à infantiliser les citoyens, ceux-ci ne sont pas capables de se prendre en charge. De nombreux twittos se tournent vers le modèle allemand, pays au climat plus rigoureux que la France et qui pourtant ne connaît que très rarement des situations de blocage. «#ParisSousLaNeige si les pneus neige étaient obligatoires comme en Allemagne, il n’y aurait jamais eu de problème…». «En Allemagne, il est interdit de rouler en pneus été sur neige ou verglas. Amende et retrait de point si blocage de la chaussée. En cas d’accident, pas de couverture par l’assurance. Voilà c’est simple #ParisSousLaNeige».
Mettre les villes à la campagne
Loin des galères, des trains supprimés et retardés, des plaques de verglas et des routes bloquées au-delà du périphérique, les Parisiens privilégiés ont pu profiter de cet épisode pour redécouvrir leur ville immaculée et libérée de la plupart des engins motorisés et de leurs nuisances. Plus de livraisons, plus de camions, plus de bus, plus de scooters, plus de voitures. Le bonheur quoi.
Mercredi était ainsi «une journée parfaite pour le sneckdown: ces zones bitumées, réservées à la voiture, mais dont on constate, les jours de neige, qu’elles pourraient être rendues aux piétons, aux insectes…». De la vraie poésie car les températures hivernales conviennent assez peu aux insectes...
En tout cas, le hashtag #améneigement (néologisme francisé du sneckdown anglo-saxon) a inondé Twitter, le fil du réseau social a été bombardé de photographies de carrefours, avenues, boulevards et autres ronds-points. «Arc de Triomphe côté Champs-Elysées, notez les traces de pas #Améneigement #SneckDown crédit photo @parismarathon», «#améneigement Place des Fêtes» ou encore «#ameneigement place de la Concorde, des hectares entiers pourraient être rouverts aux usages non motorisés». Pour Rue89, les urbanistes auraient tout intérêt de s’inspirer de ces modélisations grandeur nature: «la voiture en ville: urbanistes, jetez vos ordis et observez la neige #sneckdown #améneigement».
Qui dit moins de véhicules, dit aussi et surtout moins de bruit. Comme s’en réjouit Laure Pressac: «neige. Nom féminin. Matière blanche présente très rarement en France. Seule matière capable de faire taire les klaxons et d’empêcher les Parisiens de courir sur les trottoirs #parissouslaneige» ou le journaliste David Abiker: «ce qu’il y a de plus charmant dans la neige à Paris, c’est le silence. On honore autant la neige». «Neige et silence dans les rues: où l’on s’aperçoit, en creux, de la violence latente provoquée par le bruit habituel des voitures en ville».
Mais mettre les villes à la campagne, une vieille idée attribuée à l'humoriste Alphonse Allais, n'a qu'un temps. Pour preuve, le chaos lié à la neige est une vraie tradition à Paris qui n'a pas attendue la voiture. Ce n’est pas une maladie du monde moderne. Le twittos Ferocias Ferocias remet les pendules à l’heure: «en fait à Paris, ça a toujours été le bazar en cas de #neige! C’était déjà le cas il y a 110 ans: plus de transports en commun, une ville paralysée, des accidents et des naufragés de la route. (Oui en 1908!) À lire dans @GallicaBnF».