Sciences

La reconnaissance vocale est une mine d'or pour la NSA

Temps de lecture : 2 min

L'empreinte vocale pourrait être plus intéressante pour les services de renseignement que le simple contenu des conversations.

Une manifestante proteste contre la surveillance gouvernementale, le 26 octobre 2013, à Washington | Mandel Ngan / AFP
Une manifestante proteste contre la surveillance gouvernementale, le 26 octobre 2013, à Washington | Mandel Ngan / AFP

Ces dernières années, les logiciels de commandes vocales ont fait irruption sur nos appareils électroniques et dans les foyers: Siri, Cortana, Alexa, Ok Google... autant d'assistants personnels intelligents qui utilisent la reconnaissance vocale.

Bien avant cette popularisation, une autre «intelligence» travaillait sur cette technologie, et l'employait pour surveiller terroristes, politiciens, barons de la drogue, espions et employés gouvernementaux: celle de la NSA.

Des écoutes à l'ancienne à l'empreinte vocale

«Cette technologie fonctionne en analysant les caractéristiques physiques et comportementales qui rendent la voix de chaque personne distincte, comme le ton, la forme de la bouche, et la longueur du larynx. Ensuite, un algorithme crée une simulation informatique dynamique des caractéristiques vocales de l'individu», explique The Intercept: c'est ce qu'on appelle l'empreinte vocale. Et il semblerait qu'elle soit bien plus efficace que les relevés d'empreintes ou la reconnaissance faciale en matière d'espionnage.

Andrew Clement, informaticien expert en surveillance, déclare même que la capacité d'identifier la voix de quelqu'un pourrait être plus importante que celle d'écouter ce qui est dit:

«Cela leur permet de vous connecter à d'autres communications vous concernant et à identifier vos relations à d'autres personnes.»

La NSA a ainsi constitué une base de données sans précédent, qui avait notamment été pointée dans les révélations d'Edward Snowden.

En octobre dernier c'est le gouvernement chinois qui était mis en cause par Human Rights Watch pour avoir constitué une base de données nationales. L'organisation dénonçait alors le projet du gouvernement de lier ces «voix biométriques» aux numéros d'identité, à l'ethnie et à l'adresse de dizaines de milliers de personnes.

Les experts des libertés publiques s'inquiètent du péril que pourraient représenter pour le droit à la vie privée l'expansion de ces pratiques de reconnaissance vocale.

«Cela crée une nouvelle capacité pour les renseignements, et une nouvelle capacité pour les abus. Dans une ère de surveillance massive, ce type de capacité a des implications profondes pour toute notre vie privée», prévient Timothy Edgar, un ancien conseiller de la Maison-Blanche.

À l'inverse d'un nom, d'une adresse, d'un mot de passe ou d'un numéro de téléphone, une voix se change difficilement. Lors même qu'on tâcherait de la modifier, il est toujours possible de la retrouver: depuis 2010 et à la suite de tentatives d'attentats terroristes, de nouveaux logiciels ont été développées, comme HLT Lite, qui permet de retrouver la voix d'origine des personnes sur écoute. Ces avancées technologiques ne font que se complexifier d'année en année.

Écoutes intestines

Arme privilégiée face à l'ennemi extérieur, la reconnaissance vocale n'a pas tardé à être employée dans les rangs mêmes de la NSA, pour débusquer les espions de l'intérieur. Une initiative baptisée «Insider Threat» (Menace Intérieure) avait officiellement été mise en place sous l'administration Obama, en 2011, à la suite des fuites provoquées par la lanceuse d'alerte Chelsea Manning. Ces pratiques de surveillance du personnel gouvernemental semble pourtant précéder de loin l'ordre exécutif, relève The Intercept.

L'autorisation légale pour la NSA de collecter les empreintes vocales de citoyens américains sans mandat fait débat entre les experts. S'il est interdit d'enregistrer le contenu de conversations tenues sur le sol américain sans mandat, il n'existe pas de législation fédérale concernant la récolte et le traitement de données vocales. Alors que la loi est en retard sur les avancées technologiques, cela peut permettre d'exploiter cette zone grise législative: selon qu'on considère l'empreinte vocale comme un contenu, nécessitant un mandat, ou une métadonnée, elle est susceptible ou non d'être sujette à une protection légale.

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