France

François Hollande: je suis français, je n'ai pas à le prouver

Temps de lecture : 2 min

Le débat sur l'identité nationale a le goût d'une inquisition aveugle. Cela doit cesser.

Français, vos papiers !

Quel paradoxe! Au moment où le président de la République ouvre confusément et maladroitement un débat sur l'identité nationale pour savoir ce que signifie être Français, des citoyens qui jusqu'alors ne doutaient en rien de leur identité se voient refuser leur carte ou leur passeport. Le prétexte? Qu'ils sont nés à l'étranger ou qu'ils ne retrouvent pas le certificat de naissance de leurs parents, voire de leurs grands-parents.

Nous sommes entrés dans l'ère de la suspicion. Avoir pu voter à des élections, avoir accompli son service national, être même fonctionnaire... tout cela ne suffit plus pour être sur d'être Français. Il faut démontrer sa lignée, et rechercher, y compris dans le pays où vous êtes nés, loin de la France, les éléments qui garantissent l'authenticité de votre francité.

Quelle déconvenue pour ces citoyens à éclipses. Quelle humiliation pour ces hommes, ces femmes, qui ne s'étaient jamais posés la question de leur nationalité. Qui se croyaient Français depuis toujours, qui avaient toujours eu les papiers correspondants, avant de les perdre ou qu'ils ne soient expirés. Qui s'imaginaient citoyens de plein droit, et qui sont brutalement confrontés à l'invraisemblable, à l'innommable, à l'absurde, au néant. Des citoyens renvoyés à un labyrinthe administratif que Kafka lui-même n'aurait jamais conçu : vous êtes Français, alors, prouvez-le !

Et bien, il faut en terminer avec cette logique du soupçon, il faut inverser la preuve. Je suis Français tant que l'administration ne m'a pas prouvé le contraire. C'est à elle de faire l'instruction, si elle s'en sent obligée, d'aller contester la délivrance de papiers. Dès lors qu'un jour, elle a remis une carte d'identité ou un passeport, et bien ce n'est plus une présomption mais une reconnaissance, et elle vaut pour toujours.

Le débat sur l'identité nationale doit s'arrêter. Mais qu'au moins, sur ce point, sur le droit imprescriptible à rester Français quand on l'est déjà, l'Etat reconnaisse ce principe, et cesse immédiatement des procédés qui déshonorent la République et la France.

François Hollande

SI VOUS AVEZ AIMÉ CET ARTICLE, VOUS APPRÉCIEREZ PEUT-ÊTRE: «François Hollande: l'identite de la France est un combat», ou «Identité nationale: être français aux yeux des autres»

Image de Une: un passeport français via Flickr

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