Le 10 mai dernier, l'assassinat de Rodrigo Rosenberg avait entraîné une grave crise politique au Guatemala. Dans une vidéo tournée avant sa mort, l'avocat accusait en effet le président guatémaltèque Alvaro Colom, déclarant qu'il faudrait le tenir pour responsable s'il venait à mourir.
Mais les enquêteurs mandatés par les Nations Unies pour faire toute la lumière sur cette affaire viennent de révéler que Rodrigo Rosenberg avait orchestré sa propre mort pour mettre en cause le président. Il avait ainsi contacté des cousins de son ex-femme pour qu'ils l'aident à trouver des hommes de main, prétendant qu'il cherchait à se débarrasser d'un maître chanteur. En septembre des enregistrement sur des caméras de sécurité avaient permis d'arrêter 8 personnes soupçonnées d'avoir commis le meurtre.
Carlos Castresana, qui dirige l'équipe d'enquêteurs a déclaré que Rosenberg avait agi par «désepoir et frustration» après l'assassinat d'un ami et de la fille de celui-ci, avec laquelle il entretenait une relation amoureuse. L'avocat accusait Colom d'être responsable de leur assassinat.
Dans la vidéo distribuée à ses funérailles l'avocat diplômé de Harvard déclarait: «Si vous voyez ce message, c'est parce que j'ai été assassiné par le président Alvaro Colom». Il accusait également le gouvernement dans un scandale de corruption et expliquait que son meurtre découlerait d'une tentative d'étouffer l'affaire.
De nombreuses manifestations menées par une partie de la population guatémaltèque déjà très opposée à Colom avait agité le pays suite à l'assassinat et à la large diffusion de la vidéo, appelant le président à démissionner. Colom, très soutenu par la majorité maya et pauvre du pays, est rejeté par l'élite intellectuelle et sociale qui critiquent ses efforts pour supprimer les niches fiscales et son échec en matière de sécurité.
Le président s'est déclaré soulagé mardi: "Le jour que j'ai attendu avec patience et en silence est enfin arrivé, celui où cette enquête est éclaircie." L'enquête avait connu plusieurs rebondissements, notamment après que quatre des juges de la cour suprême ait été récusés par la Commission Internationale contre l'impunité au Guatemala.
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Image de une: Manifestation après l'assassinat de Rodrigo Rosenberg, par Surizar via Flickr