Sciences / Monde

Des Brigades du Tigre à Minority Report, la police et la technologie

Temps de lecture : 4 min

De la reconnaissance des empreintes digitales aux robots et véhicules les plus fous en passant par la traque cybernétique, comment la police s'empare des dernières technologies... Et jusqu'où?

Police et technologie, de bons amis | geralt via Pixabay CO License by

Face à la menace du crime en tout genre mondialisé, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) entend recruter, au service confidentiel du pays, près de 600 nouveaux agents avant novembre 2019, sur les 6.000 qu'elle compte déjà. Des agents de sang froid et neuf qui essaieront de lutter contre la banalisation de la barbarie et du terrorisme urbain, voyageant loin et moins loin pour contrer le risque. Située boulevard Mortier, dans le XXe arrondissement de Paris, cette organisation policière est, mine de rien, l’antenne la plus puissante du renseignement français. Budget annuel de l’organisation: 600 millions d’euros.

À la pointe du cyberespionnage? La machine à écrire...

Par quels moyens ou méthodes l’organisation entend-elle prévenir le crime (plus ou moins) organisé? Par le cyberespionnage, avant tout. Interception de mails ou de sms, décryptage de codes et autres mots de passe, analyse de profils.... Mise en place de logiciels espions hostiles ou malveillants, si tant est qu’une intelligence artificielle puisse être malveillante. Installation frauduleuse d’applications de surveillance sur les téléphones portables, sous Android notamment.

La cryptologie mathématique est sans doute la science sur laquelle nos agents planchent le plus. Celle-ci a pour objet de décrypter des écrits ou des codes à dimension secrète. Elle permet ainsi de révéler –ou de masquer– des informations, et permet d’assurer la confidentialité de messages ou de garantir leur authenticité.

La question de la confidentialité est d’ailleurs devenue épineuse. Comment un agent français peut-il être certain que ses mails ou SMS censément secrets ne sont pas interceptés par les services d’un autre pays? Aucune garantie n’est possible sur ce point. C’est sans doute la raison pour laquelle une partie du renseignement allemand serait revenue à la bonne vieille machine à écrire, pour se transmettre ainsi des messages de la main à la main, pour être certains de ne pas avoir été «cyberespionnés».

Les Brigades du Tigre

Prenons maintenant le temps de faire un petit voyage dans le temps. 1907, IVe arrondissement de Paris. Nous voici dans l’allée Célestin Hennion. Georges Clemenceau, président du Conseil et ministre de l’Intérieur de l’époque, crée les Brigades régionales de police mobile, surnommées «Brigades du Tigre», l’ancêtre de notre police judiciaire actuelle.

En ce temps là, être un bon flic, cela voulait dire quoi? Pour démanteler la bande à Bonnot, en 1912, comment s’y prenait-on au juste? Bien sûr, ce corps d’élite était entraîné à la savate pour parer les mauvais coups. Mais ce fut aussi la première police au monde à mettre en pratique les technologies scientifiques de l’époque, avec la création des fiches anthropométriques, permettant d’identifier une personne avec ses empruntes digitales, constituant ainsi le premier fichier central du grand banditisme au monde. Point de téléphones ni d’ordinateurs portables pour les Brigades du Tigre, mais des télégraphes, de gros téléphones filaires, et des crayons pour dessiner les suspects, voire des photos noir et blanc encore un peu troubles. Et puis aussi, les premières tractions-avant roulant à fond les ballons derrière les bandits, à quelque 35 km/h. La technologie, déjà, servait le renseignement humain.

La police du futur

Flashforward. Et demain, à l’horizon 2030? Au-delà de la question sociale, on peut d'ores et déjà se tourner du côté de Dubaï pour se faire une idée de ce que à quoi la police du futur pourra ressembler. Dans la plus grande ville des Émirats arabes unis, on teste aujourd’hui des motos volantes pour les policiers –sorte de mélange entre un drone et un châssis de moto– propulsant les forces de l’ordre à cinq mètres au-dessus du sol à une vitesse pouvant aller à 70 km/h, histoire d’intervenir en urgence dans de «bonnes» conditions ou encore de surveiller la circulation.

Ces machines devront pourtant évoluer dans leurs plans, afin de permettre au policier de bénéficier d’une protection matérielle en cas d’accident, et de dépasser leur autonomie de seulement vingt-cinq minutes...

Pour réduire les taux d’agressions et de mortalité chez les forces de l’ordre, Dubaï a également imaginé des robots policiers à casquette qui circulent déjà dans les rues de la capitale, et dans les centres commerciaux. Avec ces robots de l’ordre, on peut déjà payer ses amendes grâce à un «écran ventral». L’androïde est également équipé d’un système de reconnaissance faciale. Au milieu d’une foule, cette machine serait donc capable de repérer un suspect –non pas pour le courser, nous en sommes encore techniquement loin– mais pour signaler sa présence à des policiers de chair et d’os qui eux prendraient le relais.

D’ici 2030, le gouvernement de Dubaï entend compter un quart de robots dans les rangs de ses policiers, afin de leur confier des tâches ingrates, tout en permettant aux flics avec de la vraie peau de se concentrer sur des missions importantes. Outre leurs qualités technologiques, ces robots présentent également d'autres avantages. Ils ne touchent pas de salaire (si on oublie les frais de maintenance), ne risquent pas de faire grève, et sont (a priori) paraitement obéissants…

Enfin, la police de Dubaï a déjà investi dans plusieurs voitures très rapides (et très onéreuses): Bugatti, Mercedes, Lamborghini...

Elle prévoit également des véhicules autonomes, avec une caméra et un système de scanner embarqués qui devraient leur permettre de repérer un suspect. Une fois l’individu identifié, un drone sortira de la voiture et poursuivra le bandit jusqu’à ce que de «vrais» policiers puissent intervenir.

Et à l’horizon 2050… quelles technologies pour la police occidentale, voire mondiale? Avec une marge d’erreur évidente, on peut néanmoins supposer que des androïdes auront le permis de tuer, que des drones discrets seront programmés pour effectuer des exécutions ciblées. Que des véhicules aériens pourront, à basse altitude, dépasser les 200 km/h. Et que des logiciels seront en mesure d’effectuer des calculs statistiques pour tenter de prévoir qui pourrait commettre un délit, mais aussi quand, et comment. Comme dans Minority Report, la nouvelle de Philip K. Dick adaptée à l'écran par Steven Spielberg. Et ça, ça peut faire un peu peur...

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