Si l’éruption du Mont Agung a focalisé l’attention ces derniers mois, les éruptions volcaniques sont monnaie courante en Indonésie. Sur les 139 volcans actifs que compte l’archipel, 18 ont déclenché des alertes pour cause d’activité sismique plus intense que la normale, de déformation du sol ou d’émissions de gaz.
À un niveau plus global, on notera que chaque semaine de 2017 aura vu entre 14 à 27 volcans entrer en éruption.
L’activité volcanique se concentre le long de la Ceinture de feu, une région de l’océan Pacifique où plusieurs plaques tectoniques se rencontrent, provoquant des tremblements de terre et ce que les géologues appellent du volcanisme de zones de subduction.
D’autres éruptions sont le fait soit de volcans continentaux, à l’image du Ol Doinyo Lengai en Tanzanie, soit de volcans insulaires, comme à Hawaï. Sachant que nombre d’éruptions, intervenant dans le fond des océans, se dérobent à nos yeux; les volcans sous-marins les plus actifs se situent dans l’arc des îles Tonga-Kermadec, dans le sud-ouest du Pacifique.
L'Indonésie, la menace volcanique la plus forte
Les éruptions actuelles non sous-marines vont de douces effusions de lave à des explosions modérées; mais elles restent minimes du point de vue de l’histoire de la Terre. Même l’éruption en 1815 du Mont Tambora, en Indonésie, désignée comme la plus importante éruption de l’histoire récente, ne fait pas le poids comparée aux super éruptions intervenues dans le passé géologique, à l’image de celle du volcan Toba sur l’île de Sumatra, il y a quelque 74.000 années. Toba a craché 70 fois plus de magma que Tambora, ce qui contribua à plonger la Terre dans un nouvel âge glaciaire et aurait même causé ce qu’on appelle un «goulot d’étranglement génétique», perturbant l’évolution humaine.
En fait, Toba fut responsable de la plus importante éruption de ces 25 derniers millions d’années, il y a donc peu de chance qu’une catastrophe similaire se reproduise de sitôt. Néanmoins, ce sont les éruptions petites à modérées qui représentent le plus souvent une menace volcanique constante. Aujourd’hui, autour du globe, 800 millions de personnes vivent à moins de 100 kilomètres d’un volcan actif, et 29 millions à moins de 10 kilomètres.
La «menace volcanique» –une mesure qui combine le niveau du risque et le nombre de personnes qui y sont exposées– est de loin la plus forte en Indonésie; viennent ensuite les Philippines, le Japon, le Mexique et l’Éthiopie. Ces 5 pays concentrent à eux seuls 90% du total des menaces volcaniques. Si l’on prend en compte le critère du risque sur les populations, ce risque est le plus élevé sur de petites îles comme Montserrat, une zone totalement volcanique.
Quels sont les volcans à surveiller en 2018? Certains ayant montré des signes d’activité pourront se calmer, quand d’autres entreront dans une phase d’éruption au cours des mois à venir et devront alors être observés et surveillés de près.
À côté du Mont Agung, voici les volcans à suivre de près cette année.
1. Les Monts Kirishima au Japon
Éruption du Mont Shinmoedake, le 3 février 2011 | AFP Photo / Kazuhiro Nogi
Ils sont peu connus mais figurent parmi les volcans nippons les plus actifs: les Monts Kirishima se composent d’une série de cônes volcaniques dont les éruptions ont été documentées depuis 742. L’une d’entre elles, imputable au Mont Shinmoedake, fut en 2011 l’une des plus importantes des 50 dernières années.
En octobre 2017, ce volcan est à nouveau entré en éruption, rejetant des colonnes de gaz et de cendres à plus de 200 mètres au-dessus du cratère. Le niveau d’alerte reste à ce jour élevé.
2. Le Merapi en Indonésie
Éruption du Merapi, le 19 janvier 2011 | AFP Photo / Adek Berry
Le Merapi est l’un des volcans les plus dangereux d’Indonésie en raison de ses éruptions fréquentes et de ses flancs densément peuplés. Avec ses 400 victimes, son éruption de 2010 fut à ce jour la plus meurtrière du XXIe siècle.
Si certains avancent qu’une nouvelle éruption se fait attendre, il n’y a cependant aucun signe précurseur pouvant indiquer qu’une nouvelle activité volcanique est à venir.
3. L’Öræfajökull en Islande
Vue du Hvannadalshnjúkur, le point culminant de l'Öræfajökull et de l'Islande. | Grasp1 via Wikimedia Commons
Ce volcan recouvert de glace a connu deux éruptions depuis les premières installations de population: en 1362, qui fut l’éruption volcanique la plus importante du pays, puis en 1727-1728. Dans les deux cas, des inondations très importantes et mortelles s’ensuivirent, à mesure que les eaux de fonte des lacs sous-glaciaires se trouvaient libérées.
Il semblerait que le volcan Öræfajökull soit en train de se réveiller. De petits tremblements sismiques à l’intérieur du volcan ont été enregistrés depuis août 2017 et, en novembre, un affaissement du glacier situé au-dessus du cratère principal est apparu. Ce phénomène est en général causé par la glace en train de fondre à mesure que la température augmente.
4. Le Popocatépetl au Mexique
Éruption du Popocatépetl, le 9 juillet 2013 | AFP Photo / J. Guadalupe Perez
La «montagne fumante» du Mexique se situe à 70 kilomètres au sud-est de Mexico; il s’agit du volcan le plus actif du pays.
Il est actuellement en éruption –comme c’est le cas de façon intermittente depuis 2005–, ce qui s’accompagne d’un grossissement du dôme de lave, d’explosions, de panaches de cendres s’élevant à quelques kilomètres de hauteur et de retombées de cendres plus mineures dans les environs.
5. Le Villarrica au Chili
Signes d'activité du Villarrica, le 6 mai 2015 | AFP Photo / Sebastian Escobar
Le volcan enneigé Villarrica fait partie des rares volcans de la planète à posséder un lac de lave en fusion.
On y note, depuis mi-novembre 2017, une activité sismique croissante et des changements au niveau du lac de lave, avec des fontaines de lave atteignant jusqu’à 150 mètres de haut.
6. Le Kilauea aux États-Unis
Vue aérienne en 2011 du cône du Puʻu ʻŌʻō | Via Wikimedia Commons
Ce volcan situé sur l’île hawaïenne de Big Island crache sa lave basaltique de façon presque continue depuis bientôt 35 ans et il n’y a aucune raison pour que cela s’arrête prochainement. La lave continue de s’échapper de son sommet et du cône volcanique Puʻu ʻOʻo situé sur son flanc est pour rejoindre ponctuellement l’océan.
Ces volcans devront être surveillés de près dans les semaines et les mois à venir. Il faut noter toutefois que l’activité éruptive peut apparaître soudainement parmi des volcans endormis, à l’image de l’Hekla en Islande, qui a connu après des décennies de tranquillité des éruptions soudaines et très importantes sans presque crier gare.
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.