Le sperme est-il l'avenir du traitement contre le cancer? C'est la piste qu'étudie une équipe de chercheurs du Leibniz Institute for Solid State and Materials Research, en Allemagne.
À l'heure actuelle, la chimiothérapie classique est un traitement lourd qui entraîne un certain nombre d'effets secondaires parfois très handicapants –nausées, troubles digestifs, perte de cheveux, fatigue intense... Désireux de mettre au point des traitements moins invasifs, Haifeng Xu et ses collègues expérimentent depuis peu une méthode pour le moins étonnante. Le principe: «transformer» des spermatozoïdes en les dotant de substances anti-tumorales afin de les libérer, ensuite, dans l'utérus de la patiente.
Pour ce faire, les chercheurs ont eu recours à du sperme bovin dans lequel ils ont injecté de la doxorubicine. Communément utilisé dans les chimiothérapies, ce médicament anti-cancer a été absorbé par 98% des spermatozoïdes testés, d'après Mariana Medina-Sánchez, une des auteures de l'étude. Et, plus précisément, au niveau de leur tête, où se loge leur noyau.
Également dotés d'une microscopique armoire métallique magnétique –permettant de retenir le liquide médicamenteux et les guider jusqu'à bon port– les spermatozoïdes ont foncé droit vers la tumeur et sont entrés en collision avec elle, y déversant au passage la doxorubicine.
Si l'expérience n'a jusqu'à présent été menée qu'au sein d'une boîte de Petri, et non dans un organisme humain, les résultats sont plus que prometteurs: le sperme en question aurait permis d'éliminer 87% des cellules cancéreuses en l'espace de trois jours, explique New Scientist.
Le succès de ces test initiaux serait dû, comme le souligne Mariana Medina-Sánchez, à la capacité des spermatozoïdes à survivre à l'intérieur de l'appareil génital féminin:
«Leur aptitude à nager jusqu'aux tissus cancéreux et à les pénétrer leur permet de déverser le traitement autour et à l'intérieur même des cellules.»
Publiée dans la revue ACS Nano le 4 décembre 2017, l'étude est donc porteuse d'espoir, et pas uniquement concernant le cancer. Le recours à des spermatozoïdes modifiés pourrait également s'avérer utile dans le traitement d'autres pathologies affectant l'appareil reproductif des femmes, telles l'endométriose ou les grossesses extra-utérines.