Le cinéaste Eric Rohmer est mort lundi, à l'âge de 89 ans. C'est sa productrice aux Films du Losange, Margaret Menegoz, qui a annoncé son décès. Rohmer était notamment célèbre pour ses séries sur les Contes des quatre saisons et les Comédies et proverbes.
De son vrai nom Maurice Henri Joseph Schérer, le réalisateur aimait les pseudonymes. Il avait choisi Rohmer, un anagramme, après hésitations. «Ce nom m'a été très utile dans ma carrière. On aime employer, surtout au cinéma, des adjectifs. On dit hitchcockien, rossellinien... Rohmerien, ça marche très bien. Ça aurait marché beaucoup moins avec Schérer ou avec Cordier. Et puis je suis à l'aise avec ce nom-là,» confiait-il au Monde en mai 2007.
Découvreur de talents, le réalisateur avait lancé les acteurs Arielle Dombasle, Fabrice Luchini et Pascal Greggory.
Cet ancien professeur de lettres et ex-critique des Cahiers du cinéma avait notamment réalisé «Ma nuit chez Maud» en 1960, «Le Genou de Claire» (1970), «Pauline à la plage», «Les nuits de la pleine Lune» (1984) «Le Rayon vert» (1986).
«Souvent vu comme le Marivaux ou le Musset du cinéma français, le cinéaste avait signé 24 longs-métrages en 50 ans,» rappelle 20Minutes.fr. Eric Rohmer était l'un des symboles de la Nouvelle Vague, avec François Truffaud —également ex-critique des Cahiers et Jean-Luc Godard. Il adaptait de grandes oeuvres de la littérature française, modernes, comme Un Roi sans divertissement, de Giono, ou moins, comme Perceval, de Chrétien de Troyes.
Il avait réalisé son dernier film il y a trois ans, en 2007: Les amours d'Astrée et de Céladon. «Après ce film, je crois que je prendrai ma retraite», avait-il alors annoncé.
Sur ce film, Les Inrocks écrivait: «Ce qu'il y a d'admirable avec Eric Rohmer, comme avec tous les grands artistes, c'est qu'il n'est jamais là où on l'attend. Ici, il adapte L'Astrée, célèbre roman d'Honoré d'Urfé, que la plupart d'entre nous ne connaissons que de nom. Seulement, notre vieux cinéaste, en bon grand-père cinéphile toujours vert, n'a pas l'indélicatesse de nous servir une vieille soupe scolaire dans un vieux pot académique. Toujours moderne, donc classique (dirait-il), il nous livre une Astrée d'une fraîcheur et d'une délicatesse infinies, séduisante et jeune, follement sensuelle et gentiment érotique - avec ces petits seins qui se découvrent parfois, comme par mégarde. Sublime.»
Le cinéma assez codé d'Eric Rohmer suscitait des critiques parfois lapidaires. Aux détracteurs, Le Monde répond que «Certes, Rohmer met en œuvre une conception très française de l'art, et du cinéma en particulier. Encore faudrait-il souligner la grandeur de cette tradition, sa subtilité spirituelle, son goût de l'impertinence et de la liberté. Dire plus encore l'intelligence avec laquelle le réalisateur a su la réinventer au cinéma, selon des paramètres qui engagent non seulement la parole, mais aussi bien, indissolublement associées à elle pour en faire jaillir l'esprit, une conception de l'espace et du temps, une incarnation des personnages, un frémissement de la chair, une sensibilité à la nature.»
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Image de Une: Eric Rohmer, STR New / Reuters