Cela devait être la suite logique de son épopée, mais l'aventure du chef et boucher turc Nusret Gökçe, aussi et surtout connu mondialement sous le nom de «Salt Bae», est en train de tourner au vinaigre. Un mois après l'ouverture de son premier restaurant américain à Miami (Floride), une photo du chef postée il y a près d'un an sur son compte Instagram officiel a refait surface. Et celle-ci n'a pas plu aux habitants de la ville.
On y voit Nusret Gökçe poser, cigare à la bouche et toque sur la tête, devant un portrait en noir et blanc de Fidel Castro, tout en l'imitant, quatre jours après le décès du leader cubain, le 25 novembre 2016. En légende, Nusret Gökçe inscrivait alors un message, en turc, que l'on pourrait traduire par: «Ils disent que tu as commencé une révolution, toi aussi.»
Capture d'écran du compte Instagram de Nusret Gökçe / Instagram (via Miami Herald)
La polémique est venue d'utilisateurs d'Instagram qui ont repéré le cliché sur le compte officiel du chef. Celui-ci sera ensuite repris par le Miami Herald et de nombreux autres médias américains. Dans les commentaires de la publication, de nombreux messages, rédigés en anglais ou en espagnol, critiquent et désapprouvent le comportement du chef. «Je pensais que t'étais vraiment très cool jusqu'à que je vois ça», écrit l'un d'eux.
«Tu dois être vraiment STUPIDE d'ouvrir un restaurant à Miami et de poster une photo avec Castro», dit un autre.
Miami et la révolution cubaine
Si les réactions des internautes –la plupart originaires ou vivants à Miami– ont été aussi virulentes envers le chef turc, c'est parce que la ville entretient une histoire très particulière avec Fidel Castro. En 1980, près de 125.000 Cubains, considérés comme contre-révolutionnaires et donc opposants au régime castriste, étaient expulsés de l'île vers les États-Unis par le leader cubain lors du désormais célèbre exode de Mariel. Tous ces exilés s'étaient ensuite réfugiés en Floride, à Miami, et précisément à Hialeah et à Little Havana, les quartiers cubains de la ville.
L'une des illustrations les plus éloquentes du sentiment de ces exilés à l'égard du régime cubain sont probablement les scènes de joie et de liesse observées dans ces mêmes quartiers, peu après l'annonce de la mort de Fidel Castro en novembre 2016, célébrant la décès d'un «un criminel, un assassin et un homme misérable», selon les mots d'un enseignant de 67 ans, exilé aux États-Unis depuis près de vingt ans.
Nusret Gökçe, à la tête d'une dizaine de restaurants à Istanbul, Dubai ou encore Abu Dhabi, ne s'est pas encore exprimé publiquement. Le Miami Herald note toutefois que la photo a été retirée vingt minutes après les sollicitations de l'un de ses reporters par e-mail.