En décembre 1967, la contraception devenait légale pour les femmes françaises grâce à la loi Neuwirth. Mais cinquante ans plus tard, force est de constater que la pilule est de plus en plus boudée.
Alors que 41% des femmes âgées de 15 à 49 ans y avaient recours en 2010, elles n’étaient plus que 33% en 2016, selon les résultats d’une enquête publiée en septembre dernier par Santé publique France.
Aménorrhée, ovulation, sexe protégé ou non… Pour celles qui ont dit stop, il est parfois difficile de retrouver ses repères dans un quotidien sans contraception orale. Nous avons répondu à six questions que se posent les femmes souhaitant arrêter la pilule.
À quel moment de ma plaquette dois-je m’arrêter?
Vous pouvez vous arrêter à n’importe quel moment, et rien ne vous oblige à prendre les derniers comprimés placebo que comportent certaines pilules.
Geoffroy Robin, gynécologue et andrologue à Lille, auteur du rapport «Faut-il vraiment avoir peur de la pilule contraceptive?» conseille même de faire ses propres calculs afin que l’arrêt de la contraception soit le moins embêtant possible. «Voyez ce qui vous arrange! Si vous allez à la plage bientôt par exemple, autant finir la plaquette pour être tranquille en vacances. C’est à vous de voir.»
Selon le moment de l'arrêt, les conséquences sur votre corps ne seront toutefois pas tout à fait les mêmes: «Avec un arrêt en plein milieu de la plaquette, l’effet de la pilule va vite s’annuler.»
Mes prochaines règles vont-elles mettre du temps à venir?
Pas forcément. Si l’arrêt se fait en milieu de plaquette, vous serez réglée dans les trois à quatre jours qui viennent. Si la plaquette a été terminée, on observe «un décalage d’environ deux semaines».
La pilule œstro-progestatives provoque des règles artificielles tous les mois. Après son arrêt, il arrive que les règles mettent plusieurs mois à revenir: «Si elles ne reviennent pas tout de suite, c’est que la pilule masquait un petit trouble de l’ovulation.» Peu de chances que ce retard soit dû à la pilule qui aurait «endormi» le système de menstruations: «Cette aménorrhée, c’est-à-dire l’absence de règles, n’existe plus avec les pilules modernes. L’ovaire se remet à fonctionner immédiatement.»
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À partir de quand suis-je à nouveau fertile?
Peu importe les méthodes d’arrêt, la fertilité revient le mois qui suit. Si vous ne désirez pas d’enfant, mieux vaut utiliser un préservatif dès vos premiers rapports sexuels, pour ne pas prendre de risques.
«Il n’est pas d’une fiabilité parfaite, mais je dis toujours qu’il a l’avantage d’impliquer l’homme dans la contraception», sourit Geoffroy Robin. «En plus, aujourd’hui, les modèles sont vraiment de meilleure qualité qu’à une époque. Ils sont fins, bien lubrifiés, résistants.»
À celles qui rechigneraient à l’utiliser, il rappelle que de bons spermatozoïdes peuvent rester cinq jours dans l’utérus: «Il suffit que le rapport ait lieu au autour de l’ovulation et la fécondation a lieu.»
Quand commencer une nouvelle contraception?
«L’idéal pour être protégée sans interruption, c’est d’arrêter la pilule le jour où l'on commence un nouveau contraceptif, par exemple le jour où l'on se fait poser un stérilet ou un implant.»
S’il y a un décalage entre l’arrêt de la pilule et la contraception suivante, il faut continuer de se protéger avec un préservatif.
À part la pilule, quels contraceptifs existent aujourd’hui?
Première option, le stérilet hormonal. «L’avantage, c’est que l’ovaire fonctionne normalement. L’hormone que contient le stérilet est un progestatif qui va agir sur la muqueuse de l’utérus pour l’atrophier. La fécondation ne peut donc pas se faire dans des conditions normales.» Autre avantage: les règles sont peu abondantes ou même absentes. Les douleurs de règles disparaissent également.
Deuxième option, l’implant contraceptif. «Il a le même mode d’action qu’une pilule micro-progestative. Il se pose pour trois ans et est super efficace. L’inconvénient, et non des moindres, c’est que les troubles du cycle sont assez fréquents. Un tiers des femmes n’ont plus de règles, un tiers a des cycles irréguliers et un tiers conserve des règles classiques.» Il prévient aussi des dérèglements hormonaux qui peuvent être importants, comme l’acné, la pilosité ou les syndromes prémenstruels aggravés.
Existe-t-il des contraceptifs plus «naturels» que la pilule?
Peu de choix s’offrent aux femmes, sinon celui du stérilet au cuivre. «Tous les modèles sont efficaces au moins cinq ans. Seul souci, les règles peuvent être plus abondantes et plus douloureuses qu’en temps normal. En effet, le stérilet au cuivre provoque une inflammation locale à l’intérieur de l’utérus.» La douleur des règles risque donc d’être exacerbée.
Autre précision importante: les femmes qui avaient des syndromes prémenstruels prononcés, comme de l’acné, vont retrouver toutes ces réactions qu’avait leur corps avant la pilule.
Dans ces périodes de changements, mieux vaut garder un œil sur ses cycles. Une bonne astuce consiste à tout noter dans son agenda, pour se souvenir des détails au moment de rencontrer un professionnel de santé. Les plus connectées préfèreront peut-être une appli dédiée aux cycles de règles, comme Clue ou Flo, toutes deux gratuites.