Contenu Partenaire - Paris a accueilli pendant trois jours le congrès des maires de France. Les élus ont réélu à cette occasion triomphalement François Baroin Président de l’association des maires de France (AMF). Une façon de signifier leur unité et leur opposition à la politique de gouvernement de réduction et de contrôle des dépenses publiques. François Baroin a immédiatement remercié: «c’est un honneur et une immense responsabilité d’être réélu président de @l_amf. Je serai à vos côtés au service de nos communes. #CongrèsdesMaires». Et le gouvernement a tenté, en force, de montrer sa considération, de faire de la pédagogie, de rassurer et même d’amadouer ces très nombreux élus en colère qui sont de loin les plus appréciés des Français. Là est le danger que le pouvoir jacobin a bien mesuré.
Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s’est ainsi félicité de l’événement: «nos élus locaux sont une force. La pluralité de nos territoires est un atout. Cette France audacieuse qu’appelle @EmmanuelMacron de ses vœux, nous la construirons avec eux. Hommage aux maires de France, réunis @Place_Beauvau. #CongrèsDesMaires». Gérald Darmarin, en charge de l’Action et des Comptes publics, a expliqué qu’«en réduisant la dépense publique, nous réduirons les impôts. C’est l’engagement du Président de la République devant les Français. État et collectivités locales doivent chacun y participer. #CongrèsdesMaires».
Dialogue de sourd
Des explications qui n’ont pas forcément convaincues: «un maire-adjoint de l’Allier: j’avais un cri du cœur à lancer à M. @GDarmanin : je comprends pas son mécano budgétaire! #CongrèsdesMaires». D’autant plus que le dialogue est difficile à installer: «le ministre Darmanin se sauve du #CongrèsdesMaires avant les questions de la salle: colère des maires qui ne supportent pas cette façon de se défiler… Sifflets dans la salle».
La prestation, volontaire, du Premier Ministre n’a pas, elle non plus, fait l’unanimité. D’autant plus qu’Édouard Philippe n’a pas renoncé à souligner que la France vit bien au-dessus de ses moyens, l’Etat comme les collectivités locales: «@EPhilippePM: nous sommes en passe de devenir les derniers de la classe au niveau européen. Je pense que c’est grave. #CongrèsDesMaires». Mécontents ou dubitatifs, certains ont ironisé sur un incident technique durant l’allocution du chef du gouvernement à l’image du maire de Chalon-sur-Saône Gilles Platret, qui a noté que «le discours de Philippe était tellement technocratique que même les spots ont fini par craquer ! #CongrèsdesMaires».
Autant dire que la venue du Président promettait. «#Macron est attendu de pied ferme aujourd’hui par les maires de France» pour son discours de clôture. Chahuté lors de son arrivée à la tribune avec presque une demi-heure de retard (la faute au discours de François Baroin plus long que prévu), le Président a tout de suite planté le décor avec humour: «@EmmanuelMacron, j’ai toujours demandé aux gens dans mes meetings de ne pas siffler. Je peux demander la même chose aux maires #CongrèsAMF».
Emmanuel Macron a ensuite réaffirmé le programme martelé lors de son élection. Il est bien résumé par Christophe Castaner, fraichement élu délégué général de LREM (La République en marche). «Le Président de la République assume de ne pas dire aux maires ce qu’ils voudraient entendre mais de tenir les engagements pris devant les Français : suppression de la taxe d’habitation avec compensation totale pour les communes. #AMF2017 #CongrèsAMF». Et Macron de poursuivre «@EmmanuelMacron les économies seront supportées par les 319 collectivités qui concentrent le plus gros de la dépense #CongrèsAMF» .
Pour un élu, dépenser c'est exister
De nombreux twittos ont souligné la fermeté du Président comme French on Ze Left: «avec courage face à l’attitude de certains d’entre eux, Macron est en train de bien remettre en place certains maires et leur démagogie contre l’exonération de la #TaxeDHabitation!». Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’assemblée nationale se réjouit car «le Président de la République se montre déterminé à respecter la parole donnée, déterminé à conduire des réformes ambitieuses et cohérentes. #AMF2017 #CongrèsAMF».
Mais la question de fond tient à l’inquiétude dont Twitter se fait évidemment l’écho sur l’avenir des 36.000 communes françaises. Au plus près des citoyens, la mairie est devenue au fil des années comptable de tâches de plus en plus nombreuses comme le souligne le dessin de presse relayé par Catherine Veyssy: «la mairie, lieu de tous les possibles. #CongrèsdesMaires».
Tandis que leur champ d’action s’élargit, les recettes des collectivités locales diminuent. Une contradiction difficile à surmonter et une culture de la dépense publique solidement ancrée. Pour un élu, dépenser c’est exister... et être réélu. Certains considèrent que «13 milliards d’euros en moins pour les collectivités, c’est autant de services publics mis en danger pour la santé, l’école, les crèches…au quotidien. Ne laissons pas Macron asphyxier les villes! #CongrèsdesMaires». Cette somme correspond principalement à la suppression de la taxe d’habitation, un impôt très inégalitaire, et à la fin des contrats aidés. Pour Édouard Philippe, «ils s’appellent contrats aidés, on pourrait aussi bien les appeler contrats précaires subventionnés #CongrèsDesMaires».
Mais illustration de deux logiques qui semblent irréconciliables, le maire d’Issoudun, André Laignel, socialiste et vice-Président de l’AMF, s’emporte contre la disparition de la taxe d’habitation: «l’exonération de la taxe d’habitation telle qu’elle est programmée est un marché de dupes car elle aggravera la fracture territoriale et portera un coup supplémentaire à l’aménagement de nos territoires. [email protected] #CongrèsDesMaires #AuCoeurDuDébat».
L’hostilité vis-à-vis des réformes d’Emmanuel Macron traverse l’échiquier politique à gauche comme à droite. Selon le sénateur de la Vendée «@BrunoRetailleau, les maires sont devenus les bonnes à tout faire de la République! Sans les maires, il n’y a pas de France». Pour Éric Ciotti: «@EmmanuelMacron doit prendre en compte l’inquiétude des élus locaux, dont l’immense majorité sont bénévoles et se battent pour que subsistent en France un maillage de communes et de villages, creuset de notre démocratie». Doit-on considérer comme le soupçonne le président du Sénat, que l’Elysée entend aller vers une confiscation progressive des pouvoirs des communes: «@Gerard_Larcher je veux mettre en garde contre les tentations de recentralisation rampante. #CongrèsDesMaires».
Si la recentralisation reste une hypothèse, la cure d’austérité est considérée comme une réalité. «Réduction drastique du nombre de contrats aidés, suppression de la taxe d’habitation, révolte des organismes HLM, demandes de nouvelles économies… La cure d’austérité imposée par le gouvernement menace notre démocratie locale. #CongrèsdesMaires». Le dessinateur Man y trouve matière à sourire titrant sa caricature «100e congrès des maires de France sur fond de serrage de ceintures».
France d’en bas et France d’en haut
Le maire de Versailles, François de Mazières, évoque une piste pour sortir de l’impasse. «Face à la baisse des dotations, à la multiplication des transferts de compétences, on ne voit pas d’autres solutions qu’une remise à plat des finances locales qui permette aux collectivités de retrouver une nouvelle autonomie fiscale #CongrèsdesMaires @Le_Figaro».
Comment faire plus avec moins? La plupart des maires ne veulent tout simplement pas en entendre parler: «la commune est menacée comme jamais alerte Vanik Berberian (@defibrilators), président des @Maires_Ruraux de France #E1Bonjour». Le maire de Montreuil tire la sonnette d’alarme «dans le @Le_Figaro, nous ne pouvons plus accepter les économies demandées sans mettre en danger les services publics de notre ville #Montreuil #CongrèsdesMaires».
Mais comme le pointent certains twittos, la gestion des villes n’est pas nécessairement exemplaire: «au #CongrèsDesMaires, on parle des dépenses farfelues des #villes ???? Par exemple, 20 000 euros de bancs inutilisables à #Puteaux parce que placés au bord d’une quatre voies… #Argentpublic #Gabegie #Compublique».
Ce qui pose problème quand on évoque les 36.681 mairies françaises, c’est la disparité des situations et des moyens. Urbaines ou rurales, métropoles ou petites villes, les problématiques des communes n’ont rien à voir.
La question des déserts médicaux, par exemple, ne concerne qu’une partie du territoire, celui à faible densité de population. Pour le Premier Ministre, «obliger les médecins à s’installer dans les déserts médicaux? Je ne crois pas à ce type de méthode affirme @EPhilippePM #CongrèsDesMaires». Mais si la liberté est toujours préférable à la contrainte, la fermeture constante de cabinets médicaux en milieu rural commande de trouver des solutions car «désertification médicale: «ça ne m’intéresse pas d’être accueilli par un praticien compétent si je n’arrive pas vivant» lance un maire du #Jura au #CongrèsDesMaires».
Le clivage urbain contre rural devenu la France d’en bas contre la France d’en haut ou le peuple contre les élites est un fond de commerce politique et un angle d’attaque contre le gouvernement. Nicolas Dupont-Aignan estime qu’«Édouard Philippe s’est encore adressé aux grandes villes et non aux 30 000 communes rurales qui sont en train de crever. Aujourd’hui les communes sont asphyxiées financièrement. #CongrèsdesMaires #SMCL». Laurent Wauquiez, en passe de devenir le président des LR, affirme «je suis l’anti Macron bobo, je suis le président des pauvres, des campagnes, Paris je n’en peux plus, l’élite ça suffit, la région souffre on n’a plus d’argent #CongrèsdesMaires #SMCL2017».
Au-delà des récupérations et des stratégies politiques, le désarroi du monde périurbain et rural est une réalité incontestable. Le maire de Toulouse observe ainsi qu’«@JLMoudenc, il n’y a pas suffisamment de dialogue entre le monde urbain et le monde rural #CongrèsDesMaires». Pour «Patrick Genre, maire de Pontarlier: depuis le début du #CongrèsdesMaires, on nous raconte des histoires qui ne correspondent pas à notre réalité. L’état fait passer la charge sur le dos des collectivités!».
L’exemplarité devant venir d’en haut, nombre d’élus attendent «@Gérard_Larcher que l’État commence par s’appliquer à lui-même la règle d’or qu’il a voulu imposer aux collectivités #CongrèsdesMaires». Gérald Darmanin acquiesce: «je ne peux être que d’accord avec vous, l’état doit faire plus d’efforts que les collectivités locales #CongrèsdesMaires». En matière de contrôle des dépenses, c’est aujourd’hui loin d’être le cas...
La confiance entre l’État et les communes va être difficile à retrouver. La personnalité et le parcours même d’Emmanuel Macron semblent être un obstacle. C’est ce que pense le journaliste Yves Thréard: «Emmanuel #Macron est le premier président depuis Charles de Gaulle qui n’a jamais occupé et assumé une fonction d’élu local. Ça renforce ce côté Paris/Province, cette fracture. @yvesthreard #cestdanslair». Et il faut y ajouter quelques maladresses.
Diner de cons
L’invitation lancée par l’Élysée à 1000 maires n’a pas réussi à rompre la glace… au contraire. Une journaliste raconte: «la plupart des maires rencontrés ce matin se disent frustrés après le cocktail de l’Élysée hier soir. On voulait tous parler à #Macron. C’était impossible m’a dit un maire du 33 #CongrèsdesMaires». En résumé, «ce n’est pas avec un verre de vin et un bout de fromage que nos problèmes vont disparaître, Louis Pautrel, maire de Le Ferré en Ile et Vilaine. (Ouest-France) #maires #CongrèsdesMaires #Élysée». Comme s’en désole le maire de Bourgoin, «@VincentChriqui: on n’a rien vu, rien obtenu. J’ai l’impression que c’était juste un buffet pour se retrouver entre nous #CongrèsDesMaires». Certains ont même évoqué un diner de cons comme le maire de Saint-Étienne: «hier, c’était diner de cons à l’Élysée, avoue @PerdriauGael. Les maires Pignon n’ont pas pu approcher Jupiter #Macron #RTLMatin #CongrèsdesMaires @RTLFrance @EliMartichoux».
Reste à savoir, s’il s’agit d’une simple révolte d’élus qui par culture ont beaucoup de mal à réduire leurs dépenses ou l’expression d’une fracture toujours plus grande entre deux France de plus en plus étrangères. Dans le premier cas, ce n’est qu’un problème politique pour le gouvernement et dans le second, un mal profond dangereux pour la démocratie.