La politique de Netflix de rendre depuis fin 2016 une partie de ses contenus téléchargeables et donc disponibles à tout moment en mode hors-ligne semble déjà payer. La culture, très américaine, du «Netflix and chill», qui consiste à rester tranquillement au chaud devant son écran et plus si affintés, a de la concurrence. D'après une nouvelle étude commandée à SurveyMonkey, le binge watching est également désormais une affaire publique, raconte Wired.
Alors que l'entreprise se targue d'avoir «enterré les normes sociales» pour en créer de nouvelles, le sondage rapporte que 67% de ses clients utilisent Netflix en extérieur, au vu et au su de tout un chacun, sans grand souci de leur environnement. Si cela ne constitue pas en soi une profonde révolution de nos habitudes numériques, cela valide toutefois les efforts déployés par Netflix pour optimiser la visibilité des séries et des films que la plateforme de SVOD propose.
En 2015, le Pew Research Center avait publié une étude sur l'évolution des normes sociales et de l'étiquette au regard de l'usage du téléphone portable dans l'espace public. 77% des personnes adultes interrogées trouvaient acceptable d'utiliser son téléphone dans la rue, et 75% dans les transports publics.
Le changement d'usage relève davantage des offres développées par les opérateurs mobiles et les sites de streaming en ligne. À la suite de Netflix, AT&T intégrait en avril les services de HBO dans son offre wifi. En France, OCS, qui diffuse aussi les contenus HBO, dispose d'une option téléchargement. T-Mobil permet également de regarder des vidéos en streaming sans utiliser ses data.
Des contenus adaptés au smartphone
Si «netflixer en public» correspond donc à rire tout seul pour 65% des utilisateurs, à pleurer discrètement pour 20%, ou à se sentir gêné par un regard extérieur pour 18% –77% persistent néanmoins à regarder leur vidéo–, cela révèle également quelque chose du comportement des autres: 45% se sont fait surprendre à être les regardant regardés, par un voisin indiscret hasardant son nez par-dessus leur épaule. 27% ont déjà été interrompus, et 11% ayant eux-mêmes louché sur d'autres écrans se sont déjà fait spoiler –ce que les Québécois appellent de façon assez évocatrice «divulgâcher» la surprise– la série ou le film en question.
La mise en scène de certains programmes diffusés par Netflix a même été pensée pour être visionnée aussi bien sur un poste de télévision que sur un ordinateur, une tablette ou un smartphone, confiait il y a peu Mashable. C'est notamment le cas de la saison 2 de la série Stranger Things, dont le directeur photographique Tim Ives affirmait que «l’essentiel des images de la série sont composées de façon à ce que l’impact émotionnel soit le même que vous la regardiez sur un grand ou un petit écran». Cela se joue notamment au niveau des détails, qui apparaissent le plus souvent dans des gros plans, de façon à être plus visibles sur petit écran.
Notons pour finir que 37% des utilisateurs Netflix sondés avouent également regarder leur contenu au travail et 12%, aux États-Unis cette fois, dans des toilettes publiques. Le binge watching n'a vraiment plus de limites.