Le Premier ministre britannique n'en est plus à son premier coup dur, mais hier soir il a senti le vent du boulet de très près. L'ancien ministre de la Défense Geoff Hoon et son ex-collègue de la Santé Patricia Hewitt ont appelé mercredi 6 janvier à un vote secret sur l'avenir de Gordon Brown au 10, Downing Street au sein du groupe parlementaire travailliste.
Selon eux ce vote aurait permis de réduire les divisions au sein du parti: «C'était l'occasion pour les députés travaillistes de reconnaître l'existence de divisions, de l'accepter publiquement et de tenter d'y remédier. Ils ont préféré s'abstenir», a déploré Hoon sur BBCTV.
La fronde a finalement échouée, la proposition étant rejetée par le groupe parlementaire. Mais elle a révélé la fragilité de Brown: à l'instar de David Miliband, ministre des Affaires Etrangères pressenti pour être son successeur, les ministres clés de son cabinet ont mis plusieurs heures à lui assurer publiquement un soutien de rigueur.
Les alliés de Miliband auraient envoyé des émissaires aux rebelles travaillistes pour parler d'une action possible de Miliband en leur faveur si le mouvement venait à s'élargir. D'après la BBC, six ministres auraient pu agir de même, se retournant contre Brown.
Mais beaucoup de députés ont dit qu'ils étaient écoeurés par les méthodes de Hoon et que ce dernier avait agi de manière insensé. Même ceux qui étaient favorables à l'idée sur le fond ont critiqué le manque de préparation et le timing de la manoeuvre. Gordon Brown venait de livrer une de ses meilleures performances à la séance de questions au premier ministre lorsque l'offensive a été lancée. Et à si peu de temps des élections la plupart des travaillistes estiment ce mouvement peu opportun.
Lord Mandelson, ministre du Commerce, a assuré la défense de Brown, affirmant qu'il demeurait le meilleur leader possible pour les élections législatives qui doivent avoir lieu avant juin. Les conservateurs, avec David Cameron à leur tête, sont donnés largement favoris: ils recueillent 40% d'intentions de vote, contre 31% pour les travaillistes de Brown et 17% pour les libéraux démocrates d'après un sondage publié jeudi 7 janvier par le Sun.
Un dernier chiffre devrait toutefois atténuer la déception de Hoon et Hewitt: selon le même sondage, 58% des électeurs estiment qu'un changement à la tête du Labour ne changerait rien à leur décision.
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Image de une: Gordon Brown par World Economic Forum via Flickr