Le fameux village mondial incarné par Internet aime, comme tout un chacun, partager des bonnes blagues et échanger des cancans. Les mèmes, photos ou vidéos virales qui traversent le globe à la vitesse de lumière et que les internautes s’approprient en les détournant, sont ainsi une version updatée des colportages de l’ancien temps. Chaque intervenant ajoute sa touche et, comme la sardine coincée dans le port de Marseille métamorphosée en baleine, un mème vogue progressivement vers l’insolite, l’impossible, le grotesque. Plus c’est gros, plus ça passe, diraient certains.
Parmi les mèmes qui ont secoué le net ces dernières années, on trouve Disaster Girl. La photo de cette petite fille au regard diabolique avec, derrière elle, une maison ravagée par le feu, a excité les imaginaires de millions d’utilisateurs qui ont rivalisé d’originalité dans leur détournement.
Une thématique semble avoir particulièrement inspiré les internautes: la théorie du complot. La gamine a ainsi endossé la responsabilité de nombre de catastrophes au cours des siècles. La disparition des dinosaures ? Le naufrage du Titanic ? C’est elle ! Tout comme elle aurait joué un rôle dans la crucifixion du Christ, l’incendie du zeppelin Hindenburg ou encore le 11 septembre.
Pour le lancement de sa nouvelle chaine Polar+, Canal a décidé d’imaginer une enquête improbable sur le mystère Disaster Girl. Qui est cette enfant ? Pourquoi sourit-elle de façon énigmatique ? Qui a pris la photo ? En échafaudant une théorie totalement farfelue, la chaine se situe dans la lignée de ces détournements faussement complotistes, et indéniablement drôles, dont le net a le secret.
Sur un mode humoristique, ces photos, et la campagne de Polar+, revisitées façon «on ne nous dit rien, on nous cache tout», étrillent implicitement les véritables théories délirantes dont le net accouche régulièrement, mais qui y trouvent malheureusement un écho. En les détournant, elles déminent les fumisteries et autres conspirations fantaisistes. Un rire démystificateur en somme.