Depuis l'an 2000, l'artiste islandais Ragnar Kjartansson se filme une fois tous les cinq ans en train de se faire cracher dessus par sa mère, l'actrice islandaise Guorún Asmundsdóttir. Il en a tiré une série de vidéos de performance art intitulé Me and My Mother (moi et ma mère) que le musée Hirshhorn de Washington vient d'acquérir.
La scène est toujours filmée devant une étagère remplie de livre: la mère crache plusieurs fois au visage de son fils. L'interaction est répétée à plusieurs âges de la vie de Kjartansson, qui a eu cette idée à 24 ans, lorsqu'il était encore étudiant. Prochain rendez-vous crachat pour l'artiste et sa maman: en 2020.
Lorsque la vidéo a été montrée au musée Hirshhorn en 2016, le public s'est divisé, entre rire et choc.
«Voir quelqu'un se faire cracher dessus sans réagir, c'est quelque chose auquel on n'est pas habitué. C'est violent. Voir une mère cracher sur son fils est incroyablement violent. C'est un acte de rejet et d'exclusion extrême... Et en même temps, comment ne pas rire? Vu qu'il ne bouge pas du tout», expliquait Stéphane Aquin, le curateur du musée.
Récemment interviewée par un magazine de Reykjavik, Guorún Asmundsdóttir, la mère, avait abordé le sujet avec un journaliste: «S'il vous plaît, ne me demandez pas ce que ça veut dire. Je ne sais pas!»
Elle explique en revanche avoir immédiatement accepté de cracher sur Ragnar, même s'il ne lui a «apporté que du bonheur dans la vie»».
Dans un des textes présentant la performance dans le cadre d'une exposition à Reykyavik en 2015, elle explique que «cette performance n'aurait jamais pu exister s'ils n'avaient pas énormément d'amour et de respect l'un pour l'autre.»
Dans le New Yorker, Kjartansson décrivait ainsi la première séance de crachat en 2000:
«Ma mère me crachait dessus et c'est une actrice. Elle faisait semblant de me haïr, mais elle le faisait mal parce qu'elle aime son fils, et cela rendait le geste drôle - et vrai.»