Contenu Partenaire - On le savait depuis plusieurs semaines, le CIO (Comité International Olympique) et les villes de Paris et de Los Angeles étaient tombés d’accord sur un calendrier (2024 pour la capitale française, 2028 pour la métropole californienne). L’annonce faite à Lima mercredi 13 septembre a donc officialisé une attribution des jeux jouée depuis longtemps. D’où les tweets ironiques qui s’amusent de ce vrai faux suspense: «#JO2024Paris oh quelle surprise!».
Mais si la surprise n'en était pas une, la joie, réelle ou feinte, qui a suivi cette désignation s'est répandue comme une traînée de poudre effaçant au passage les clivages politiques. La quasi totalité des responsables ont ainsi salué la victoire parisienne, qu’ils soient de gauche comme Benoît Hamon qui s’est félicité de ces «jeux olympiques et paralympiques sobres et écologiques, un accélérateur de projet urbain et une superbe aventure sportive #paris2024», du centre comme le premier ministre Edouard Philippe («À nous #Paris 2024, bravo! C’est une France transformée, optimiste et conquérante qui accueillera ces jeux olympiques et paralympiques») ou de droite comme Nicolas Sarkozy, un des artisans de cette victoire, qui observe «pari réussi: Paris olympique. Bravo à tous ceux qui font la réussite de @Paris2024. Et maintenant place aux jeux!». Consensus national donc autour de cette «victoire».
Le Président Macron s’enthousiasme de cet «honneur pour tous les Français d’accueillir en 2024 @jeuxolympiques et @paralympics! Bravo à toute l’équipe @Paris2024». François Hollande ressent «de la fierté et une certaine impatience. #Paris2024 est une chance pour plusieurs générations».
Nicolas Hulot applaudit la performance française et précise que «cent ans après @Paris, les Jeux Olympiques seront écologiques et solidaires». Car Paris a organisé les Jeux de 1924. La dimension écologique n’échappe pas à l'attention des twittos qui sont nombreux à pointer cette obligation comme Camille Lng qui demande «svp maintenant les gars on veut des jeux écolos #JO2024Paris».
Même à l’extrême-droite, Marine Le Pen est «heureuse mais appelle à la prudence». Bref, les JO semblent rassembler la classe politique autour de cet événement international.
Mais quelques voix discordantes se font tout de même entendre. La gauche de la gauche se distingue et ne veut pas de l’organisation des JO. Philippe Poutou y voit «un grand projet inutile et imposé», tandis que Danielle Simmonet, conseillère La France insoumise à Paris, s’y oppose fermement: «Non aux JO #Paris2024 ! Pour des équipements sportifs qui répondent aux besoins de la population». Seul à droite à ne pas suivre l’élan général, Luc Ferry, ancien ministre de Chirac, critique l’organisation des JO au titre que «ça ne prépare en rien l’avenir».
Si clivage il y a, il ne ne se fait pas sur une frontière politique classique droite/gauche, mais plutôt selon un axe peuple/élite, où les auto proclamés représentants du peuple (la gauche de la gauche) seraient le porte-voix des Français «ordinaires» nettement moins emballés par ces futurs JO.
Une France hostile
Il est vrai que les sondages parus ces dernières heures donnent un ton différent que le concert de louanges presque unanime du personnel politique. Pour les Grandes Gueules, «il semblerait qu’il n’y ait pas photo», 71% des personnes interrogées se déclarant pas heureux de cette annonce. Pour Le Parisien, «66% des Français disent non», tandis que pour Public Sénat, à la question «#Paris2024 : une bonne nouvelle pour la France?», 58% des sondés répondent non. Le twittos Tiékoro Quarantiste s’amuse d’ailleurs de ce décalage entre joie des élites et circonspection de la population avec un montage photo à la légende savoureuse: «scènes de liesse populaire après l’obtention par #Paris2024 de l’organisation des #JO2024Paris», le tout illustré de photographies de Paris totalement désertée!
Le nerf de la guerre…
Cette méfiance vis à vis de l’organisation des JO en France illustrée par les sondages se retrouve naturellement sur Twitter et le sujet qui inquiète les twittos est économique. «6 millions de chômeurs, 10 millions de pauvres, baisse des aides sociales, inégalités homme/femme, mais heureusement on a les #JO2024Paris» commente amèrement Romain. Organiser un tel événement coûte cher, «budget prévisionnel 6 milliards, budget à l’arrivée: 12 milliards le tout financé sur la taxation des pauvres! Bravo» s’indigne Stephan.
«Tous ces milliards de dollars qu’on va claquer pour rien dans les #JO2024Paris alors qu’on pouvait bâtir tant avec…» déplore Olivier. Pour Benjamin, «#Paris2024 sera un gouffre financier, comme tous les jeux olympiques. Bien sûr, les intérêts privés eux se gaveront», graphique des dépassements de coûts des JO des trente dernières années à l’appui. Les finances publiques étant dans le rouge, ces dépenses supplémentaires inquiètent une bonne partie des twittos même si la Belge Charline Vanhoenacker donne des conseils pour économiser comme «les caisses sont vides? On les retourne et hop, ça fait des podiums pas chers!».
Mais Twitter n’est pas que dans la critique négative car les JO peuvent aussi offrir des opportunités à un pays en terme de reconnaissance, d'image, de fierté et même sur le plan économique. Ainsi, selon des estimations sans doute assez optimistes, les jeux pourraient créer «#Paris2024 entre 120 000 et 250 000 créations d’emplois». Laura Flessel, la ministre des sports, veut «250 000 emplois et doubler le nombre de médailles».
Si «le dernier pays avant la France à avoir organisé les #JO malgré une dette et un déficit galopants, c’est la Grèce. #BelExemple #Ausecours», Paris 2024 peut aussi bien être une «transformation éphémère ou un levier de développement durable». Les expériences passées doivent servir de leçon, car «l’événement des #JO peut transformer une ville pour le meilleur et pour le pire».
À la différence de ses prédécesseurs, Paris possède déjà de nombreux équipements, et peu de structures sont à bâtir. RTL en fait la liste: «piscines, villages, transports… ce qu’il reste à construire». De nombreux monuments accueilleront des manifestations, tel le «beach-volley à la Tour Eiffel, l’escrime au Grand Palais».
Mais Twitter aime la dérision et les JO n'y échappent pas. Leo a ainsi «hâte d’assister aux pics de pollution, aux dépassements de budget, aux contrats précaires, à la spéculation immobilière..» tandis qu’Antoine prévoit que «pour fêter les Jeux à #Paris2024 la Tour Eiffel sera éteinte ce soir pour commencer à économiser les 6 milliards d’euros qu’ils vont coûter».
And the winner is...
Comme dans toutes manifestations sportives, il y a des gagnants et des perdants. Si selon Twitter, les perdants pourraient bien être la planète, si l’écologie n’est pas au cœur des préoccupations des organisateurs, on trouve aussi des gagnants. Au premier rang, les sportifs eux-mêmes, ravis de pouvoir briller devant leur public comme Nikola Karabatic qui exulte avec un «merveilleux! Les JO chez-nous».
Les régions voisines de Paris, flairant la bonne affaire, essaient d’ores et déjà de se placer comme les Hauts de France, le Limousin qui aimerait «accueillir des délégations» ou encore la Normandie dont «les clubs font du lobbying pour profiter de cet événement mondial». Plus proche de Paris, il se pourrait bien que le grand gagnant soit le 9.3, «le marché immobilier en Seine Saint Denis s’attend à exploser».
Les sponsors aussi se frottent les mains comme le montre leur enthousiasme après l'annonce de l’attribution des jeux à Paris. Twitter n'a pas manqué de le souligner comme le GIF de Vogelsong où le champagne coule à flot «chez Bouygues, Vinci et Coca #JO».
Les avis restent en fait très partagés sur la pertinence et les retombées réelles des JO en France. Comme le dessine Wingz, «y a du boulot» avec les Parisiens et l’accueil qu’ils réserveront aux touristes étrangers!