C’est la fin, chantait Jim Morrison au début d’Apocalypse Now. En ce dixième jour de Festival, pas d’ironie possible. C’est vraiment la fin. J’ai bouclé ma valise, les femmes de ménage sont passées pour faire la chambre et je me suis dirigé vers la gare prendre un train, retour à Paris avec escale rapide au Kiehl’s Club. Tout était déjà en train d’y être démonté alors qu'il y avait à peine quelques heures, Joey Starr et Cut Killer y improvisaient un freestyle.
Il y a à peine quelques heures, je découvrais aussi mon dernier film du Festival, le très beau Le Château de verre avec un Woody Harrelson qui n’arrive toujours pas à décevoir. En lui rendant hommage sur la scène de l’auditorium, Michel Hazanavicius mettait les mots parfaits sur cet amour qu’on porte à l’acteur de Larry Flynt depuis tant d’années. Impossible de ne pas l’aimer.
«Je ne vous connais pas. On ne s’est jamais rencontré mais je vous adore. Depuis vingt-cinq ans que je vous vois dans des films, je vous aime. En fait, autour de moi, mes potes, tout ça, tout le monde vous adore. Vous êtes hyper sympathique mais vous n'êtes pas lisse. Même si vous êtes une immense star hollywoodienne, on dirait que vous êtes restés vous-mêmes. Du coup, quand vous êtes dans un film, on est content. On se dit: “au moins y a Woody, cool, ça va être bien!”.»
Petites mélodies entêtantes
Le troisième film de Dustin Daniel Cretton se terminait avec des photos et vidéos de la vraie famille ayant inspiré le film, l’histoire d’une jeune femme tentant de faire la paix avec des parents l’ayant élevée sans contraintes dans une vie de nomadisme. Il est temps de faire pareil, de regarder en arrière, avec forcément une bonne dose de nostalgie pour ces dix jours vécus à cent à l’heure qui n’ont pas laissé beaucoup de place au sommeil.
Il y a toutes ces petites mélodies fredonnées dans le taxi du Kiehl’s Club qui ont souvent fonctionné comme des aimants dans mon cerveau. La musique de Jurassic Park, à l’honneur cette année grâce aux hommages rendus à Laura Dern et Jeff Goldblum, est par exemple restée coincée de nombreux jours dans ma tête après que Betty Autier, Lucie Villemin ou Jeff Goldblum l’ont entonnée. Tout comme celle de Psychose après le passage d’Anaïs Demoustier et Régis Wargnier.
Mais il y aussi les musiques des films de la sélection, comme cette chanson incroyable «I Get Overwhelmed» par le groupe Dark Rooms dans A Ghost Story qui hante encore les écouteurs de mon smartphone.
Il y a aussi ces images, fortes, marquantes, indélébiles, celles de Rooney Mara mangeant une tarte ou celle de Casey Affleck, sous un voile blanc, au milieu des débris de sa maison dans A Ghost Story, celle de Aubrey Plaza déguisée en Catwoman dans Ingrid Goes West, celle de Brady Jandreau apprivoisant lentement mais sûrement un cheval sauvage dans The Rider, celle du regard désemparé de la jeune McKenna Grace devant des problèmes de maths trop simples pour elle dans Mary, celle du regard halluciné de Robert Pattinson à l’arrière d’une voiture de police dans Good Time ou celle, insoutenable, du viol dans Katie Says Goodbye.
Images violentes et dérangeantes
Le Festival, en plus de me priver de mes heures de sommeil, n’aura pas ménagé ma sensibilité. Sans atteindre les sommets de pur choc que s’impose le Festival de Cannes avec des films souvent extrêmes, Deauville n’a pas épargné à ses festivaliers quelques images violentes et dérangeantes, à l’image des corps érotiques de Beach Rats, la très éprouvante introduction à une rigide société patriarcale dans Katie Says Goodbye ou le trouble de Ça et sa très violente introspection dans la psyché américaine. Un film qui, dès le lendemain de sa projection à Deauville, se voit couronné du plus gros démarrage pour un film d’horreur de l’histoire du box-office américain. Clairement, l’histoire d’un clown qui vient terrifier une bande de gamins grâce à leurs peurs les plus viscérales a rappelé quelqu’un aux Américains. Raison de plus pour regretter, dans le contexte de la présidence américaine actuelle, que le Festival n’ait pas été aussi politique qu’il aurait probablement dû l'être. Pour trouver la vraie défiance, il fallait lire entre les lignes.
Et bien sûr, il y a eu Mother!, le choc métaphorique et mystique de Darren Aronofsky, plaidoyer écologique à la narration sophistiquée et révolutionnaire qui ne peut pas laisser indifférent. En ce qui me concerne, le plus grand film du Festival, parmi les vingt-trois vus en dix jours: deux jours après, ses images me hantent encore.
Mais un Festival n’est jamais complet et satisfaisant sans toutes les personnes avec qui vous le partagez. Il y a bien sûr eu tous ses acteurs, actrices, réalisateurs et réalisatrices qui ont partagé leur amour du cinéma américain dans le taxi du Kiehl’s Club. Ils ont eu une parole rare, décomplexée, même si, parfois, avouons-le (c'est la fin, après tout!), ils étaient quelque peu encouragés par l’alcool.
Mais surtout, il y a eu toutes ces rencontres, les anonymes dans les salles qui voulaient partager leur amour des films, et ceux, aux soirées du Kiehl’s Club avec qui j’ai échangé sur la carrière de Tom Cruise et celle de Robert Pattinson, ceux avec qui j’ai eu des débats enflammés à propos de Mother! et tous les autres qui m’écoutaient débiter mes théories fumeuses sur des films qu’ils n’avaient pas vus.
Maintenant, il est temps de retrouver mon oreiller chéri et d’aller dormir un peu.
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