Toutes les six heures, c'est comme une chorégraphie, des douzaines de bureaux du National Weather Service (NWS) aux États-Unis lancent des ballons dans le ciel. Leur objectif n'est pas de faire une belle photo mais de prévoir avec un peu plus de précision quelle partie de la Floride va être touchée par l'ouragan Irma, le plus puissant qu'ait vu passer l'Atlantique.
L'#ouragan #Irma touche actuellement #Cuba avec une puissance exceptionnelle pic.twitter.com/2WHhh616zY
— Météo-France (@meteofrance) 9 septembre 2017
Les images en haute-définition des satellites sont cruciales pour comprendre l'avancée des ouragans. Et les avions qui s'en approchent pour filmer des images attirent évidemment l'attention avec leurs vidéos effrayantes. Mais la technologie la plus précise reste encore le bon vieux ballon météorologique inventé dans les années 1930, souligne Scientific American. En France, le premier ballon-sonde a été lancé en 1892, précise le site de Météo France, quand Gustave Hermite en fabrique un en papier enduit de pétrole, mesurant quatre mètres de diamètre: «À son bord, un “baromètre-témoin à mercure” de 1,2 kg, qui sera plus tard remplacé par le météorographe, un nouvel instrument qui mesure et enregistre la température et la pression de l'air.»
Que font ces ballons qui flottent dans le ciel? Ils fournissent les données bien utiles pour évaluer des événements météorologiques d'ampleur. Les instruments qu'ils transportent mesurent l'état de l'atmosphère du sol à la stratosphère, ce qui permet aux météorologues d'obtenir une vision instantanée et en trois dimensions de l'atmosphère à l'Est des États-Unis (dans le cas d'Irma). Les données sont ensuite comparées à des modèles météorologiques qui peuvent permettre d'affiner la trajectoire de l'ouragan. Les satellites ont beau fournir une image globale, ils mesurent le vent ou l'humidité indirectement grâce à des longueurs d'ondes.
Ces ballons de plus d'1,5m de diamètre peuvent s'envoler jusqu'à 30.000 mètres et permettent de voir s'il y a un grand ciel bleu dans le Missouri (dans le midwest) et de la pluie en Virginie (sur la côte est), des conditions qui influent sur la trajectoire d'Irma.
#Irma à nouveau catégorie 4 en raison de sa proximité avec #Cuba. Le rayon des vents de force ouragan (violet) est considérable. pic.twitter.com/gfVNPOKnQj
— Keraunos (@KeraunosObs) 9 septembre 2017
Irma a d'abord progressé vers l'ouest à cause de hautes pressions dans l'Atlantique ouest. Mais les scientifiques estiment qu'il se dirigera ensuite vers le nord à cause de basses pressions qui se développent sur la côte est des États-Unis. Si la dépression est forte et se dirige vers le sud-est des États-Unis, Irma ne tarderait pas à tourner et toucherait les côtes de Floride, de Georgie et de la Caroline du Sud où la population est importante. Mais si la dépression est faible et reste plus loin au nord, elle entrerait davantage dans les terres et le long de la côte ouest de la Floride avec moins de dégâts car les vents sont plus forts au large.
En temps normal, les ballons sont envoyés toutes les douze heures mais 52 bureaux du NWS été mobilisés pour comprendre la trajectoire des récents ouragans. Un tel dispositif avait été mis en place en 2012 au moment du passage de l'ouragan Sandy. Avec les trois ouragans de ces derniers jours (Harvey, Irma et Jose), davantage de ballons seront encore lancés jusque vendredi.
Plus haut, beaucoup plus haut, depuis la station spatiale internationale, un astronaute de la NASA a capturé une image très impressionnante d'Irma.
Tonight, far too many people in #Irma’s path and in its wake. pic.twitter.com/bWQMxae9GV
— Randy Bresnik (@AstroKomrade) 8 septembre 2017