La Chine a exécuté mardi 29 décembre un ressortissant britannique Akmal Shaikh, 53 ans, condamné à mort pour trafic de drogue, présenté comme un malade mental par sa famille, malgré de multiples appels à la clémence. Le Premier Ministre anglais Gordon Brown s'est dit «scandalisé».
«Je condamne l'exécution d'Akmal Shaikh dans les termes les plus fermes, et suis scandalisé et déçu que nos demandes persistantes de clémence n'aient pas été exaucées», a-t-il déclaré.
La presse anglaise manifeste elle aussi sa colère. Le Guardian revient dans un éditorial de l'édition du 30 novembre sur le ballet diplomatique auquel se sont prêtés la Chine et le Royaume-Uni la semaine précédant l'exécution. «Ministres britanniques et dirigeants de l'opposition ont exprimé leur indignation face à l'exécution du pauvre homme. La Chine a elle considéré ces déclarations comme un acte d'ingérence». Le quotidien considère l'argument chinois comme «absurde».
«La Chine peut peut-être éprouver du ressentiment à l'égard de l'Angleterre, qui jadis la fournissait en drogue et aujourd'hui lui dirait quelle politique adopter envers un trafiquant présumé. Mais la Chine doit nous écouter. Les protestations en faveur des droits de l'homme en Chine ne sont pas destinées à affaiblir le pays, à l'humilier mais à protéger ses citoyens. La Chine gagnerait en crédit sur la scène internationale si elle n'exécutait les siens avec une telle désinvolture.»
Pour les titres de presse britanniques, l'intransigeance dont la Chine a fait preuve est en partie due à un esprit de revanche: la puissance asiatique aurait toujours en mémoire la douloureuse colonisation britannique. D'autant plus que les rivalités historiques entre la Chine et l'empire britannique de l'époque tournaient autour du commerce de l'opium: la question de la drogue est donc loin d'être neutre.
Le Morning Star l'explique dans l'éditorial de son édition du 30 décembre. «La rédaction du Morning Star est profondément indignée par l'exécution d'Akmal Shaikh à Pékin, et ce pas seulement parce que nous sommes opposés à la peine de mort par principe (...) Les relations entre la Chine et l'Angleterre sont au plus bas et il est difficile de ne pas se demander si Akmal Shaikh n'a pas été tué, au moins en partie, pour prouver au gouvernement britannique que son bref passé colonial ne lui confère aucune autorité sur le sol chinois.»
Le Guardian rappelle à ses lecteurs que selon Amnesty International au moins 1 718 personnes ont été exécuté en Chine l'an passé. «Il s'agit plus d'abattage industriel que de justice», conclut le quotidien.
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Image de Une: Gordon Brown (World Economic Forum, CC)