Des grizzlys qui délaissent des saumons pour des baies de sureau: l'anecdote a de quoi surprendre, mais c'est ce qu'ont constaté deux chercheurs en écologie de l'université d'Oregon State dans leur étude de ces mammifères de l'île de Kodiak en Alaska. En 2014 et 2015, ils ont remarqué qu'alors que les saumons remontaient les courants dans leur direction, les animaux n'étaient pas sur place. Au lieu de ça, les quinze grizzlys pucés se trouvaient dans les collines en train de manger des baies de sureau, explique IB Times.
«C'est un peu comme si le petit-déjeuner et le déjeuner étaient servis en même temps, et qu'il n'y a rien à manger jusqu'au dîner, résume l'un des deux chercheurs. Il faut choisir entre l'un et l'autre parce que l'on ne peut pas tout manger en même temps.»
D'habitude, les grizzlys mangent les saumons, puis s'attaquent aux baies quand elles sont mûres. Mais avec le réchauffement climatique, les baies arrivent plus tôt à maturité et «quand les deux sont au menu au même moment, les grizzlys choisissent les baies», poursuit The Atlantic.
Problèmes à venir
Le choix pourrait sembler illogique, puisque les saumons contiennent «plus d'énergie» mais en réalité, les saumons étant trop riches en protéines, ils font perdre du poids, alors que les sureaux de montagne «contiennent à peu près la quantité optimale de protéines, et en se concentrant sur cette source de nourriture, les grizzlys prennent du poids aussi vite que possible».
Pour autant, ceci n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les grizzlys, ceux-ci étant généralement habitués à avoir différentes sources de nourriture.
«Si les baies mûrissent plus tôt, ça peut être une bonne chose, mais une fois que c'est fini, les grizzlys auront manqué la période des saumons.»
Malgré tout, les auteurs de l'étude estiment que les grizzlys s'en sortiront peut-être en se nourrissant des cadavres de saumons. Mais ces animaux ne sont pas les seuls touchés par cette arrivée plus soudaine des baies, conclut l'étude des chercheurs citée par le Telegraph.
«Les grizzlys sont passés des saumons aux sureaux, ce qui a perturbé un lien écologique qui fertilise habituellement les écosystèmes terrestres, et génère un plus fort taux de mortalité des saumons.»
D'autant que si la tendance qui veut que les baies arrivent à maturité en moyenne deux jours et demi plus tôt chaque année, d'ici 2070, les deux périodes se chevaucheront parfaitement. Et les carcasses de poissons ne seront plus là pour enrichir le sol, et nourrir d'autres espèces d'animaux, qui mangent les restes laissés par les grizzlys.